02/12/2008
Les Maîtres potiers en terre de faïence de Montpellier (suite n° 4)
Au siècle des Lumières, les fabriques de faïence furent à leur apothéose : jamais leur nombre n'a été, ni ne sera aussi important qu'à cette époque. Elles se modernisent passant ainsi du stade de l'atelier médiéval à une production pré-industrielle. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le faïenceries furent favorisées par des Edits promulgués par Louis XIV. Pour renflouer les caisses de l'Etat vidées par un règne affreusement dispendieux, le Roi contraignit les riches du Royaume à faire fondre leur argenterie et orfèvrerie. Pour faire face à une pénurie de vaisselle somptuaire, les potiers fabriquèrent des faïences imitant les modèles des orfèvres. Ce fut le cas du service du château de Marsillargues (près de Lunel) connu par un inventaire testamentaire très détaillé qui fut livré au Comte de Calvisson par les faïenciers de Montpellier. La faïence blanche et bleue décorée de motifs conçus par Bérain, l'ornemaniste du Roy, est très en vogue, notamment celle produite par la fabrique de Jacques Ollivier qui obtint par privilège, en 1729, le titre de Manufacture Royale. Cette manufacture de Montpellier employait plus de 300 ouvriers qui fournissaient vaisselle de table, pots d'apothicaire ou même des objets usuels comme des fontaines, des encriers, des consoles ou des revêtements de cheminée. Plus tard, les peintres mirent d'autres tendances au goût du jour, en particulier celles de Moustier ou de Marseille.
Au milieu du siècle, une nouvelle technique, le Petit Feu, se généralisa. Elle permit d'enrichir la palette chromatique et fut appliquée pour les semis de fleurs au naturel inventés par les peintres allemands. A Montpellier, cette mode fit fureur : sur un émail blanc, des bouquets de fleurs champêtres entrelacent une rose cocardière peinte au violet de manganèse puis en bleu indigo. Vers 1770, André Philip, un faïencier de Marseille, travailla à la manufacture des Ollivier puis s'associa avec un autre atelier. Est-ce à lui que l'on doit l'introduction de la faïence à fond jaune passée à la postérité sous le nom de Vieux Montpellier ?
Le glas de la faïence montpelliéraine sonna au XIXème siècle : fascinés par la perfection des porcelaines, les notables boudèrent la faïence jugée alors archaïque.
Perdant cette clientèle argentée et ne sachant pas toujours rebondir lorsque les débouchés commerciaux vers les colonies furent freinés, la plupart des faïenciers firent faillite. Ce n'est qu'en 1907 que la faïencerie de Foncarade reprit le flambeau délaissé à la fin du XVIIIème siècle et remit au goût du jour les faïences à l'ancienne. Aujourd'hui, la fabrique Artus et Siffre en est la digne héritière, seule désormais à Montpellier à perpétuer un artisanat qui contribua à la prospérité de la ville pendant près de 4 siècles.
22:58 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : culture, histoire, région, tourisme, sud
Commentaires
uN ARTISANAT PRESQUE MORT...
Écrit par : laura | 03/12/2008
Oui, mais il reste chez les antiquaires de belles pièces. Remarque, j'aurais peur de les casser ces poteries. Et puis je n'ai pas d'argent à mettre là-dedans. Maintenant tout se fait à la chaine dans des usines.
Écrit par : elisabeth | 03/12/2008
Pas de vaisselles à moi ici, je suis tranquille... sourire
Écrit par : laura | 03/12/2008
Bonsoir Elisabeth,
Quatre siècles de faïenceries, il doit certainement en rester quelques pièces exceptionnelles, mais à quel prix!
Écrit par : Christian | 03/12/2008
Christian : oui et aussi dans les Musées. Il suffit de regarder sur la Toile. En cherchant les photos de ces notes j'ai pu voir de belles pièces.
Laura : mon mari casse facilement. J'ai eu des bols et saladiers qui sont maintenant réduits en morceaux et à la poubelle depuis 3 ans. Maintenant je lui laisse des saladiers en plastique...
Écrit par : elisabeth | 04/12/2008
Toute ma vaisselle est au Maroc...
Écrit par : laura | 05/12/2008
Alors tu manges dans des assiettes en carton ou en plastique cadeaux de La Redoute ou des 3 Suisses ? (rires)
Écrit par : elisabeth | 07/12/2008
Terès drôle...
Je suis dans un meublé...
Écrit par : laura | 08/12/2008
Alors vivement que tu puisses manger dans tes assiettes. Mais où vas-tu mettre tes meubles ? Dans un garde-meuble ?
(il faut que je trouve une autre nouvelle note pour ce blog... je me laisse aller)
Écrit par : elisabeth | 08/12/2008
Ce n'est pas le plus important... quand même.
Nous avons un endroit pour stocker nos affaires... avant de prendre un vrai appart.
Il faut d'abord que Didier puisse débloquer les choses la semaine prochaine là-bas...
Écrit par : laura | 08/12/2008
Laura : vivement donc que vos affaires soient à votre portée. Vivement !
Écrit par : elisabeth | 08/12/2008
jE DIRAIS POURVU POUR NE PAS ËTRE DECUE ENCORE UNE FOIS
Écrit par : laura | 09/12/2008
Oui, tu choisi Vivement ou Pourvu !
Écrit par : elisabeth | 09/12/2008
pourvu parce que je préfère ne plus y croire; vivement est plus affirmatif...
Écrit par : laura | 09/12/2008
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