05/01/2010
LES CABANES DE L'ETANG DE L'OR
L'eau affleure dans les marais. Les pluies ont noyé les triangles et les joncs.
Des échasses aux pattes rouges fouillent la vase.
Au bout du chemin défoncé, brille l'étang de l'or.
Quatre baraquettes bordent un canal. Ce sont les cabanes de Lansargues. Personne n'y vit mais derrière les terres humides, au coeur même du village, veille la mémoire des cabaniers.
Autrefois, une mer intérieure, dite la mer de Pline, s'étendait entre Narbonne et Beaucaire. La région a toujours été habitée car elle offrait de multiples richesses mais les habitants se retranchaient dans des camps fortifiés. Il y avait des raids de pirates d'Afrique du Nord et d'Espagne. Les gens exploitaient les marais et parfois finissaient esclaves à Barcelone ou en Afrique. C'est la raison pour laquelle il n'y avait pas de construction au bord de la mer mais de nombreux forts à PALAVAS, au Grand Travers.
Des abris temporaires servaient de refuge occasionnel aux hommes qui exploitaient cette bande côtière. C'étaient des prédateurs qui pratiquaient la chasse, la pêche, la cueillette. Ils récoltaient les herbes des marais pour les troupeaux.
La prise d'Alger en 1830 met fin aux razzias. Les habitants renforcent les abris. Chacun eu le sien. C'étaient des cabanes. Partout ailleurs, il y avait la propriété mais, ici, cette notion était lâche. Ils réparaient une barrière quand ils avaient le temps. Sur leurs terres chassait qui voulait sauf quand il y avait les troupeaux de moutons. On n'y vivait pas mais les gens assez rupins prenaient le chemin des cabanes en fin de semaine avec le cheval et la carriole et, à la tombée de la nuit, ils se postaient à l'affût dans les marais et se racontaient des blagues. Car qui dit cabane, dit chasse. La chasse traditionnelle a été abandonné après la 2ème guerre mondiale pour des chasses plus lucratives venues du Nord. On utilisait alors des appelants au lieu des appeaux en liège.
Le rabataire ou negachi est le plus petit des bâteaux à fond plat nécessaire pour naviguer sur les étangs peu profonds. Son occupant peut utiliser les rames mais surtout des perches en bois appelées partègne ou rouquet. Ce dernier se termine par une fourche à 2 dents en fer scellées au plomb pour mieux couler. Car le rouquet disparaît sous l'eau. Le chasseur le maintien d'une main couché au fond du negachi. il rabale ainsi, invisible et silencieux, vers un escapoulon de macreuses (groupe de foulques languedociennes). Pour rabaler, on met de la graisse de cochon sur les mains pour le froid. Avec un fusil à sept coups, il fallait tirer tant qu'il restait des cartouches. A cette époque, il y avait du gibier. L'étang de l'or nourrissait 250 familles. Aujourd'hui, il en reste très peu.
Jusqu'à la fin des années 60, l'étang de l'or était réputé pour ses battues aux macreuses. Dès le moins d'octobre, plusieurs milliers de ces oiseaux arrivaient sur l'étang pour y séjourner une partie de l'hiver. Traditionnellement, les battues avaient lieu tous les dimanches matin. Embarqués sur leurs négafols, les chasseurs tentaient d'approcher à la partègue ou à la rame (le moteur était interdit) l'escapouillon de macreuses qui stationnaient au milieu de l'étang. Après une approche longue et fastidieuse, la plupart des oiseaux se levaient hors de portée des fusils et franchissaient le cordon littoral pour gagner la mer d'un envol rectiligne. Aujourd'hui, l'étang de l'or trop salé est moins attrayant pour les foulques.
22:11 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : histoire, culture, tourisme, sud, régions
Commentaires
Encore une jolie découverte...
Écrit par : laura | 07/01/2010
Ceci est le récit d'un vieil habitant du coin. J'ai trouvé intéressant ce qui est dit, en faisant des recherches sur internet, je n'ai pas trouvé de témoignages aussi précis. Merci Laura de ton passage. Les cabanes sont maintenant recherchées par des bourgeois boèmes. Mon patron en fait partie, il voulait une cabane de ce type du côté de SETE mais il n'a pas pu l'avoir.
Écrit par : elisabeth | 07/01/2010
Merci pour ton message, je vais retourner voir suPaperblog.
Écrit par : laura | 22/01/2010
Merci Laura, je n'ai plus le temps de publier sur ce blog, je m'occupe trop de celui de MES PASSIONS. Je vais essayer de trouver une nouvelle note.... Bon week end.
Écrit par : elisabeth | 30/01/2010
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