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23/01/2010

LE LITTORAL DU LANGUEDOC ROUSSILLON

vue satellite.jpgAigues Mortes, Maguelone, Agde ont vu partir les soies, le sel et les Croisés, passer papes et troubadours, entrer des rois et des pirates.. avant de disparaître, enlisés. Le sable a figé les pages du livre d'Histoire. Pourtant, c'est lui qui a redonné un essor à ce littoral dédaigné en se transformant depuis une quarantaine d'années en poussière d'argent. Il représente une source de revenus essentielle dans l'économie régionale jusque là vouée à la pêche, à la viticulture et au sel. Tout commence le 18 juin 1963 avec la mission interministérielle baptisée Racine, du nom de son président. Le littoral est dévolu au tourisme et on va lui en donner les moyens : routes, ports, démoustication, reboisement et assainissement des stations...

A l'époque, le Languedoc-Roussillon n'a pas de port de plaisance. Aujourd'hui, il en compte 18. Les ports constituent une chaîne avec une distance maximale de 10 miles entre les maillons. La Grande-Motte et le Cap-d'Agde démarrent "l'ère des bâtisseurs". Le Gard suivra avec l'ouverture du plus grand port de plaisance d'Europe, Port-Camargue. Aux portes de Montpellier, la station de Carnon s'installe à l'embouchure du Lez. L'Aude n'est pas en reste avec Port-Leucate, Gruissan et Port-Barcarès. Saint Cyprien est le maillon pyrénéen. D'autres ports se sont greffés sur des stations déjà existantes comme Argelès-sur-Mer ou Palavas les Flots. Narbonne-Plage ou Valras-Plage ont perpétué une tradition de cabanons avant de devenir de vrais ports de plaisance.

palavas les flots.jpgRestent les ports de pêche ou de commerce où des mouillages sont réservés aux plaisanciers. C'est le cas de Port-la-Nouvelle, Port-Vendres ou Sète.

Les stations balnéaires rivalisent d'animations programmées tout au long de l'été. Côté mer, avec des courses nautiques devenues classiques, ou côté terre avec des festivals de folklore, des carnavals, des concerts... Les traditions respectées ou détournées sont un autre point fort : joutes, bouvine, fêtes de village...

plage palavas.jpgCar le tourisme côtier inverse la vapeur. Après un aménagement et une urbanisation excessifs, il revient à la mise en valeur du patrimoine. Les mentalités ont évolué et le tourisme tel qu'il était il y a 35 ans n'a plus guère de succès. Les vacanciers recherchent davantage d'authenticité. L'arrière pays en bénéficie par le tourisme vert. Et puis, le littoral ne sort pas indemne de ces 40 ans. Il faut dire que l'environnement n'est pas une préoccupation d'actualité quand démarre la mission Racine. La première loi arrive en 1976 et déclare non constructible la zone des cent mètres côtiers. La loi littoral apparaît seulement en 1986. Elle a ses limites et ne déclenche pas une prise de conscience générale. Les étangs sont aussi malmenés. Ils forment un éco-système très riche mais particulièrement sensible. Piliers de l'économie locale, ils nourissent depuis la nuit des temps pêcheurs, ostréiculteurs et saliculteurs. Pourtant, ils ont subi les derniers outrages : bétonnage, déversement des eaux usées, proximité des décharges... Un certain nombre sont devenus des réserves naturelles. Mais la protection des autres n'a pas fini de soulever des polémiques. Quant aux dunes, elles s'étendaient de façon quasi continue avant 1960. La pêche n'a aucune influence sur leur santé. Mais la route côtière, la création ou l'extension des stations balnéaires, les parkings et le tourisme de masse leur portent considérablement préjudice. La nature bousculée ne manque pas de rappeler ses droits, comme par exemple lors des grandes tempêtes de 1982. Ce sont elles qui donnent l'alerte : le lido est menacé. L'enjeu économique rejoint alors l'urgence naturaliste : il faut restaurer le cordon dunaire. Des ganivelles de châtaigniers sont utilisées pour réhabiliter la plage et édifier les dunes. Le remède est bien tardif et n'empêche pas la côte de reculer chaque année.

Mais le sable piégé reforme des dunes et rend aux plages leur profil naturel. Et les ganivelles font désormais partie de nos paysages côtiers.

05/01/2010

LES CABANES DE L'ETANG DE L'OR

cabanes_de_lansargues.jpgL'eau affleure dans les marais. Les pluies ont noyé les triangles et les joncs.

Des échasses aux pattes rouges fouillent la vase.

Au bout du chemin défoncé, brille l'étang de l'or.

Quatre baraquettes bordent un canal. Ce sont les cabanes de Lansargues. Personne n'y vit mais derrière les terres humides, au coeur même du village, veille la mémoire des cabaniers.

Autrefois, une mer intérieure, dite la mer de Pline, s'étendait entre Narbonne et Beaucaire. La région a toujours été habitée car elle offrait de multiples richesses mais les habitants se retranchaient dans des camps fortifiés. Il y avait des raids de pirates d'Afrique du Nord et d'Espagne. Les gens exploitaient les marais et parfois finissaient esclaves à Barcelone ou en Afrique. C'est la raison pour laquelle il n'y avait pas de construction au bord de la mer mais de nombreux forts à PALAVAS, au Grand Travers.

cabanes lansargues.jpgDes abris temporaires servaient de refuge occasionnel aux hommes qui exploitaient cette bande côtière. C'étaient des prédateurs qui pratiquaient la chasse, la pêche, la cueillette. Ils récoltaient les herbes des marais pour les troupeaux.

La prise d'Alger en 1830 met fin aux razzias. Les habitants renforcent les abris. Chacun eu le sien. C'étaient des cabanes. Partout ailleurs, il y avait la propriété mais, ici, cette notion était lâche. Ils réparaient une barrière quand ils avaient le temps. Sur leurs terres chassait qui voulait sauf quand il y avait les troupeaux de moutons. On n'y vivait pas mais les gens assez rupins prenaient le chemin des cabanes en fin de semaine avec le cheval et la carriole et, à la tombée de la nuit, ils se postaient à l'affût dans les marais et se racontaient des blagues. Car qui dit cabane, dit chasse. La chasse traditionnelle a été abandonné après la 2ème guerre mondiale pour des chasses plus lucratives venues du Nord. On utilisait alors des appelants au lieu des appeaux en liège.

Le rabataire ou negachi est le plus petit des bâteaux à fond plat nécessaire pour naviguer sur les étangs peu profonds. Son occupant peut utiliser les rames mais surtout des perches en bois appelées partègne ou rouquet. Ce dernier se termine par une fourche à 2 dents en fer scellées au plomb pour mieux couler. Car le rouquet disparaît sous l'eau. Le chasseur le maintien d'une main couché au fond du negachi. il rabale ainsi, invisible et silencieux, vers un escapoulon de macreuses (groupe de foulques languedociennes). Pour rabaler, on met de la graisse de cochon sur les mains pour le froid. Avec un fusil à sept coups, il fallait tirer tant qu'il restait des cartouches. A cette époque, il y avait du gibier. L'étang de l'or nourrissait 250 familles. Aujourd'hui, il en reste très peu.

Jusqu'à la fin des années 60, l'étang de l'or était réputé pour ses battues aux macreuses. Dès le moins d'octobre, plusieurs milliers de ces oiseaux arrivaient sur l'étang pour y séjourner une partie de l'hiver. Traditionnellement, les battues avaient lieu tous les dimanches matin. Embarqués sur leurs négafols, les chasseurs tentaient d'approcher à la partègue ou à la rame (le moteur était interdit) l'escapouillon de macreuses qui stationnaient au milieu de l'étang. Après une approche longue et fastidieuse, la plupart des oiseaux se levaient hors de portée des fusils et franchissaient le cordon littoral pour gagner la mer d'un envol rectiligne. Aujourd'hui, l'étang de l'or trop salé est moins attrayant pour les foulques.