13/06/2008
LES JOUTES SETOISES
Il y a 3 siècles, les premiers jouteurs s'affrontaient sur les eaux du tout nouveau port de SETE, avant même que Pierre-Paul Riquet n'ait prolongé son fameux canal jusqu'à la Méditerranée. Même rituel en 1823, un siècle et demi plus tard, pour honorer la duchesse d'Angoulème, fille de Louis XVI. En 1966, on renouera avec ce faste pour célébrer avec le tricentenaire de la ville, celui d'une institution qui perdure toujours.
Il existe d'ailleurs à Sète, au musée Paul Valéry, juste au-dessus du Cimetière Marin, une salle de joutes où documents et iconographies racontent l'histoire étonnante de ces jeux d'eau et de lumière dont l'origine se perd dans la nuit des temps. A première vue, les pavois et les lances font plus référence aux faits d'armes qu'à d'aimables divertissements. D'où l'origine présumée guerrière de ces échanges virils qui renverraient aux tournois médiévaux des chevaliers d'antan. En fait, les avis sont partagés et comme toujours les exégètes ne sont pas d'accord. D'aucun plaident pour de simples jeux dont on retrouve la trace non seulement dans toutes les régions de France mais très loin dans le temps en Grèce, dans l'ancienne Egypte, au Cambodge dans les eaux du Mékong et même en Chine !
A Sète on dénombre pas moins de 6 sociétés de joutes, plus les écoles qui forment, dès le berceau, les futures chevaliers de la tintaine ; soit quelques centaines d'adeptes très motivés qu'au solstice d'été des milliers de spectateurs déchaînés viennent soutenir de leurs vivas ou, si leur étoile vacille, accabler de leurs lazzis.
Les barques bleu et rouge prolongées de leur quintaine (la tintaine) attendent leurs chevaliers blancs tandis que préludent les hautbois et les tambours. Une singulière cantilène s'élève, cet air mystérieux des joutes que Toussaint Roussy, le 1er conservateur du musée, attribuait à Lully, le compositeur préféré de Molière, qui donnait la comédie non loin de là, à Pézenas.
Au Cimetière Marin, "où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres", les noms des champions sont gravés dans la pierre, auréolés de glorieuses épitaphes. Ils sont véritablement entrés dans la légende sétoise. Les peintres connus et inconnus les ont immortalisés, ils inspirent aussi les poètes ; la musique aigrelette du hautbois a tellement charmé l'un d'eux (Francis-Octave Blama) qu'il a fait de cet instrument naïf et presque mystique le sésame magique de ce rituel :
Note à note, il métamorphose
Ordonne, anime, recompose
Idéalise le tableau.
Et la joute chevaleresque
Devient une irréelle fresque
Dans l'azur du ciel et de l'eau...
10:59 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : culture, histoire, vacances, été, région
10/06/2008
LA REVANCHE DE SETE
Dans le port de SETE sont également débarqués le bois, surtout pour les tonneaux, les minerais, les céréales, le pétrole et d'autres denrées.
Les activités portuaires garderont une importance stable dépassant annuellement le million et demi de tonnes avant une chute vertigineuse lors du dernier conflit mondial.
Puis avec des aménagements successifs, la croissance grimpera en flèche, en grande partie grâce aux hydrocarbures ; cela jusqu'en 1986 et la fermeture des raffineries de Frontignan. Mais Sète est devenue aussi un port de voyageurs et une station touristique.
Si Marseille l'a concurrencée sur la plan du commerce, la patrie de Paul Valéry a pris sa revanche en devenant aussi le 1er port de pêche français de la Méditerrannée.
Dès 1720, les Catalans avaient introduit la technique du gangui (la traîne) et celle de la palangre tout en allant pêcher plus au large.
Puis au XIXè siècle, les italiens constituèrent la majeure partie des équipages pour la pêche en mer, tandis que les matelots français restaient généralement sur l'étang et que l'ostréiculture en était à ses premiers essais. Le chalutage est ensuite venu, et enfin le temps des sonars, sondeurs et autres merveilles... Sète garde son rang.
Hormis cela, Sète pourrait être jalouse du Vieux Port ou de cette "Venise Provençale" si bien chantée. Mais de la Pointe Courte au Lazaret, le mot de passe semble rester celui des félibres du début du siècle : "Sian de Cete, sian de Sant Clar, sian dou Bourdigou, nous viran pas".
Et l'écrivain Maurice CHAUVET a dépeint le Sétois comme "un non conformiste, un satirique spirituel à la moquerie facile, à l'imagination vive, un fabulateur qui invente avec aisance des histoires qui font rire".
César aurait pu être Sétois avec un nom pareil ! Car Sète est italienne et donc romaine, alors ... allons-y d'une contrepèterie de circonstance : ici pas de Marius et Jeannette, mais Janus et Marinette. La Marinette de Brassens, bien sûr.
Le petit cabanon Marseillais ! Enfoncé par les cinq cents "baraquettes" que comptait Saint Clair au siècle dernier et dont une trentaine étaient des cabarets.
Agnès VARDA a immortalisé la Pointe Courte comme Pagnol la Cannebière, Paul VALERY, amant des flots latins, du ciel et du calme des dieux a dédié son oeuvre à ceux qui n'ont pas de système et sont absents des partis. Et Georges à la belle moustache réfutait aussi tout engagement sinon celui de l'amitié. Sète n'a pas à jalouser ni à copier Marseille : elle est plus authentique.
09:08 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : culture, histoire, sud, région, photos