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22/10/2008

L'ORDRE DES GRANDMONTAINS

eglise st michel de grandmont.jpgNé au Moyen Age, dans le courant du grand mouvement monastique de l'époque, l'ordre de Grandmont ne connut pas la même renommée que celle des Bénédictins, des Chartreux ou des Cisterciens, datant pourtant de la même époque. L'austérité de sa règle est probablement à l'origine de ce qui le démarque des autres ordres monastiques d'alors, bien que tous reposaient sur le même idéal de pauvreté et d'humilité.

Fondée en 1076 par l'ermite Etienne, la communauté des ermites de Muret (Limousin) s'était retirée à la mort de son fondateur (1125) dans un lieu encore plus sauvage, appelé Grandmont, qui devait lui laisser son nom. L'ordre se développait alors assez rapidement dans les régions limitrophes, créant des maisons appelées "celles" en Poitou, Auvergne et Languedoc en particulier. C'est ainsi que moins d'un siècle après la mort d'Etienne de Muret, l'ordre comptait déjà près de 150 celles dans le centre et le sud-ouest de la France, le monastère du Lodévois étant l'une des quatre implantées en Languedoc.

La simplicité et le dépouillement de ces celles reflètent assez bien ce qui était imposé aux religieux, familièrement appelés "les Bonshommes", par la Règle de Saint-Etienne.

Celle-ci imposait en particulier à ses membres une solitude absolue. Ce qui explique en partie le fait que les celles aient souvent été fondées dans des endroits isolés, parfois clôturés naturellement par des forêts. Jeûne, silence et pauvreté, individuelle ou collective, étaient imposés aux moines, lesquels devaient survivre grâce à leurs aumones et leur travail manuel au sein de leur celle.

Suite à une grave crise disciplinaire, par manque de hiérarchie et d'autorité véritable, l'ordre des grandmontains fut réorganisé en 1317 parle pape Jean XXII. Celui-ci plaça à sa tête un abbé général et regroupa les quelques 150 celles existantes en 39 prieurés conventuels, dont celui de Saint-Michel de Grandmont, en terre lodévoise. Dans le même temps, certains assouplissements furent apportés à la Règle. Mais ceci n'empêcha pas le déclin progressif de cet ordre au cours des siècles suivants. Un déclin accentué par la Guerre de Cent Ans et les guerres de religion. Ainsi en fût-il pour le prieuré de Grandmont, en dépit d'un dernier sursaut relevé au cours du XVIIè siècle.

20/10/2008

LE PRIEURE DE SAINT MICHEL DE GRANDMONT

cour prieuré st michel de grandmont.jpgSitué à une dizaine de kilomètres de Lodève, sur un plateau désert dominé par les falaises du Larzac, le prieuré Saint Michel de Grandmont est un de ces lieux privilégiés où la spiritualité s'y exprime à travers des monuments datant de la fin du Néolithique jusqu'au Moyen Age. Particulièrement épargné par le temps et les guerres de religion qui sévirent dans la région, le petit monastère appartint pourtant autrefois à l'un des ordres monastiques parmi les plus stricts du Moyen Age : l'Ordre de Grandmont en Limousin.

Un lien déjà chargé d'histoire

Ce n'est certainement pas par hasard que le lieu ayant servi à l'implantation du prieuré Saint-Michel de Grandmont a été choisi par les moines de cet ordre né au Moyen Age. Toutes les études archéologiques menées sur ce site semblent en effet démontrer qu'il a été habité depuis plusieurs milliers d'années. A l'appui de ces thèses, la présence sur le terrain, et dans les proches environs, de nombreux dolmens, en plus ou moins bon état de conservation, mais qui prouvent l'existence de l'homme depuis la période néolithique (fin de la Préhistoire).

Une étude de l'implantation de ces dolmens montre en effet qu'ils sont relativement alignés en bordure du Plateau du Larzac, puis en-dessous de ce plateau sur deux terrasses plutôt orientées vers le Sud. La présence de nombreuses sources dans cette région, comme sa position privilégiée en surplomb de plusieurs vallées en ont fait un lieu priviliégié pour l'homme.

dolmen coste rouge st michel de grandmont.jpgDans l'actuelle propriété privée incluant le prieuré de Saint-Michel de Grandmont, deux dolmens érigés et les traces d'un 3ème sont encore visibles. Situé à l'ouest du prieuré, le plus connu en même temps que le plus exceptionnel, avec son ouverture en porte de four, est sans conteste celui du Coste Rouge. A l'est du prieuré, le Dolmen du Belvédère, relevé depuis quelques années par les actuels propriétaires, se trouve à proximité d'un autre dolmen, malheureusement en ruine, mais qui permet, grâce aux fouilles effectuées récemment par le Groupe Archéologique Lodévois, d'en délimiter les contours. S'il est désormais acquis que les dolmens n'étaient autres que des sépultures collectives, pouvant en certains lieux contenir plusieurs dizaines de corps, plus énigmatiques et prêtant à toutes les hypothèses, même les plus saugrenues, sont les pierres taillées disséminées dans le parc du prieuré.

Habité depuis des milliers d'années, ce lieu n'a pourtant élaboré sa renommée qu'au Moyen Age, date à laquelle fut construit le prieuré Saint Michel de Grandmont.

 

 

13/10/2008

LE CIRQUE DE NAVACELLES : la rivière Vis

navacelles cirque 1.jpgLongue de 56 kms, la Vis est le principal affluent de l'Hérault. Elle prend sa source au pied du Mont-Aigual. Après avoir dévalé quelques belles pentes granitiques, elle pénètre dans le Causse et là, phénomène étrange, elle y disparaît soudain, du côté de Sauclières, pour ne ressurgir bruyamment que 13 kms plus loin, au moulin de la Foux, gonflée de l'apport de tout un réseau souterrain. Pendant cette disparition sa présence est encore virtuelle à travers ses méandres à sec qui ont d'ailleurs donné le nom de Vissec au village situé au fond de ces gorges, souvent survolées par les grands rapaces, dont les aigles royaux et surtout les vautours fauves, réintroduits dans la région. Les crues de la Vis, bien que plutôt rares, n'en sont pas moins effrayantes pour ses riverains. Plusieurs thalweghs, ordinairement secs, peuvent être parcourus par d'énormes torrents, ce qui fait dire aux villageois du cru : "Le Vissec est venu".

En revanche, plusieurs assèchements de la Vis ont été constatés au cours de ces derniers siècles : en avril 1779, la résurgence fut tarie pendant 8 jours. Le même phénomène se reproduisit en 1890 pendant 24 heures, en 1922, pendant 2 heures également, en 1927 pendant 8 heures et en 1961 pendant 6 heures. Ces phénomènes sont expliqués par des experts comme provenant d'éboulements intérieurs plus ou moins importants.

C'est donc par une magnifique cascade, souvent tonitruante, que la Vis refait son apparition, avant de poursuivre son chemin par de multiples méandres jusqu'au village de Navacelles, où là aussi, à hauteur de l'auberge du village, elle chute une nouvelle fois par une superbe cascade de 12 mètres de haut. Après quoi, la Vis reprend ses méandres jusqu'au hameau de Madières, abritant dans ses eaux une population préservée de truites sauvages. Enfin, c'est beaucoup plus calmement et d'une manière plus rectiligne qu'elle se dirigera vers Ganges. Autant dire que les eaux de la Vis ont intéressé les ingénieurs électriciens lesquels au début du XXème siècle en ont même tiré profit en créant une usine hydro-électrique à Madières, après avoir capté une partie des eaux de la résurgence dans des conduites forcées sur plus de 10 kms et en les faisant chuter dans les turbines d'une hauteur de 112 mètres.

09/10/2008

LE CIRQUE DE NAVACELLES : des hommes et des pierres

cirque 3 navacelles.jpgDans ce milieu aussi aride que celui du cirque de Navacelles, on peut se demander si l'homme a pu y trouver une place. Suivant le vieil adage : "Les pierres parlent à ceux qui savent les entendre", il semblerait que l'occupation de ces lieux remonte à l'Antiquité la plus reculée. En témoignent dans les gorges de la Vis, ces grottes ou "baumes" s'ouvrant dans les falaises. Les traces de ces premières demeures apparaissent en effet au sommet des pentes les plus abruptes. Ces abris sous roches et ces cavernes furent donc les premiers habitats pour ces hommes qui passèrent sucessivement de l'outil de pierre à l'art de la poterie. Entre Saint Maurice et la Baume Auriol, la "Balad de las trapas" (le ravin des trappes) permet encore de découvrir certains de ces abris sous roches ainsi que les sentiers préhistoriques.

Au fond du cirque, au hameau de Navacelles, de l'autre côté de la Vis, que l'on peut traverser sur un petit pont de pierre en dos d'âne, quelques traces d'habitat troglodyte demeurent apparentes, au-dessus des maisons plus récentes. Ligures, Celtes, Gaulois (Volques) puis plus tard les Romains ont laissé des traces de leur passage dans ces lieux.

Et il semble bien que l'origine du nom Navacelles remonte aux siècles ayant suivi cette domination romaine, avec l'introduction du christianisme. C'est à cette époque en effet que des moines s'installèrent dans la région, fondant des "cellae" (ou granges) autour desquelles vinrent s'établir quelques habitations. Par la suite, les cellae devaient plutôt désigner des ermitages. Navacelles viendrait donc du latin "Nova cella" ou nouvel ermitage.

Et puis certains n'hésitent pas à comparer ce canyon des causses à ceux du Colorado, pourquoi ne pas penser aussi à ceux qui en ont subi son attrait irrésistible pour le métal précieux à portée de mains dans les eaux limpides de la Vis : l'or.

Certes, il ne s'agissait certainement pas de paillettes d'or, recueillies sur des toisons de brebis, mais il est un fait que cette exploitation fut pratiquée un temps à Navacelles.

L'élevage et la culture des céréales, sur les terres reprises sur la forêt, expliquent pourtant mieux la présence de l'homme sur ces lieux. Celui-ci est même devenu l'artisan principal de l'évolution du paysage environnant. Ainsi, ce n'est certainement pas par hasard que le hameau de Navacelles a été implanté à proximité des seules terres cultivables du méandre. Au cours des derniers siècles, l'homme n'a pas craint sa peine, en poussant même la difficulté jusqu'à aller édifier, sur les côteaux environnants, des kilomètres de murets en pierre sèche. Sur ces terrasses, dont certaines sont encore apparentes, il y cultivait alors l'olivier, la vigne et d'autres cultures vivrières.

Actuellement le village ne compte plus que quelques habitants en plein hiver et un peu plus en saison estivale, en raison de plusieurs résidences secondaires.

06/10/2008

LE CIRQUE DE NAVACELLES

cirque navacelles 2.jpgEntre départements de l'Hérault et du Gard, les gorges profondes et les falaises altières de la Vis séparent d'une manière naturelle le Grand Causse du Larzac du Causse de Blandas et offrent une vue sur plusieurs cirques grandioses, dont le plus réputé est le Cirque de Navacelles.

Entre 100 et 200 millions d'années, la région était recouverte par la mer. Peu à peu, des sédiments calcaires apportés par les fleuves et des débris d'animaux marins sont venus s'y accumuler en strates horizontales à raison d'un cm par période de 500 ans. Ces sédiments ont finalement créé un gigantesque mille feuilles pouvant atteindre jusqu'à 1 500 mètres d'épaisseur.

Au tertiaire la région est parcourue de rivières descendant des Cévennes et qui elles aussi forment de larges vallées garnies d'alluvions. La plaine de Saint Maurice de Navacelle est un de ces vestiges. Mais petit à petit, sous la poussée des Pyrénées, cette plaine, devenue le Causse actuel, va se soulever. et au milieu coule la rivière, en l'occurrence la Vis.

Celle-ci y serpente nonchalamment et commence alors à creuser les gorges dont les bords reculeront et s'effriteront peu à peu en éboulis, sous l'action alternante de périodes froides et tempérées.

Beaucoup plus près de nous, soit 4 000 ans avant J.C., on va alors assister à un phénomène extraordinaire qui fera toute l'originalité du Cirque de Navacelles. En effet, 300 mètres en contrebas, la Vis va abandonner son méandre et rejoindre son lit par une cascade, laissant en son milieu une colline pierreuse en forme de pyramide ou d'huitre, suivant l'imagination de celui qui la contemple, comme une île au coeur de l'océan pétrifié. Une île qui réapparaît parfois en tant que telle après des périodes particulièrement pluvieuses. C'est pourquoi cette ceinture de terres porte parfois le nom de "negadis".

Il y a environ 10 000 ans, le Causse était recouvert par une forêt de pins sylvestres et de genévriers. Puis sont venus les chênes rouvres, à feuilles pétiolées et les chênes pubescents, à l'écorce riche en tanins.

Ceux-ci, il y a environ 6 000 ans, devaient laisser la place à des lauriers, hêtres, tilleuls et noisetiers. Vint alors le temps où l'homme se mit à défricher le causse. Le thym et les asphodèles s'installèrent alors sur les landes, tandis que les buis supplantaient d'anciennes chênaies. Dans le même temps, au fond des gorges, peupliers, frênes et saules se déployaient, au bord de la rivière. Actuellement, dans la vallée, des chênes verts au feuillage persistant sombre et des oliviers cultivés indiquent l'influence dominante d'un climat doux et méditerranéen. En revanche, sur les causses du Larzac et de Blandas, le chêne blanc témoigne de conditions climatiques plus rudes.

23/09/2008

LE CHATEAU DE CASTRIES : la Révolution en marche

Le deuxième marquis de Castries, également gouverneur de Montpellier, et par ailleurs lieutenant du roi en Languedoc et chevalier de Saint Esprit, devait épouser la fille du duc de Lévis. De leur union naquit en 1727 celui qui devait devenir le membre le plus illustre de cette famille : Charles-Eugène-Gabriel, futur maréchal de Castries, lequel se couvrit de gloire à Clostercamp (1760) mais surtout travailla en tant que ministre de la Marine (1780-1787), à redonner une flotte de guerre digne de ce nom à la France. Emigré en 1791, il termina sa carrière comme chef du cabinet du Comte de Provence (futur Louis XVIII). Quant à son fils, il se distingua en Virginie aux côtés de La Fayette, ce qui lui valut, en 1784, à son retour en France, d'être créé duc de Castries.

La Révolution Française allait naturellement laisser des traces dans la région. C'est ainsi qu'en 1792, le château fut mis sous séquestre, avant d'être pillé par des émeutiers et partagé entre 14 propriétaires différents. L'année suivante, les biens des Castries étaient mis aux enchères. Par la suite, il fallut donc attendre 1828 avant que le second duc de Castries (Edmond de La Coix de Castries) ne puisse racheter le château, le parc et la majeure partie du domaine et enfin débuter des travaux de restauration, malheureusement pas toujours très heureux. En 1848, il fit édifier la tour est et il modifia le corps central du château, en supprimant notamment les fenêtres à meneaux afin de pouvoir créer en entresol quelques chambres de bonnes.

08/09/2008

LE MUSEE DU SCRIBE à Saint Christol lez Alès

De tout temps, l'homme a cherché à communiquer avec ses semblables. Après la parole, l'écrit a pris une place de plus en plus importante à travers les siècles. Mais à l'heure où de nouveaux moyens de communication ont pris place, il était important de se remémorer le chemin qui a permis à l'homme d'en arriver là. C'est ce qu'a voulu montrer Jean Louis Bonnefille à travers son musée.

Musée scribe.jpgEn 1990 c'est dans le vieux village de Saint Christol lez Alès, à côté de l'église, que Jean Louis Bonnefille, enseignant au Lycée technique de Bagnols sur Cèze, décidait de dévoiler au public sa collection d'objets ayant trait à l'écriture. C'est dans sa propre maison datant du XVII ème siècle qu'il présenta dans un surface de 80 m2 ses premières pièces de collection : essentiellement des plumes, portes-plumes et encriers.

Devant le succès rencontré, il estima qu'il convenait alors d'ouvrir encore davantage sa maison au public. Et de 80 m2, son musée passa à la superficie de près de 400 m2.

Pour l'ensemble de ces travaux d'agrandissement, le conservateur du Musée du Scribe et son association "D'avant-hier à hier" ne reçurent d'aide que par les Fonds Européens, en particulier pour permettre l'accès du Musée aux handicapés grâce à une chaise élévatrice le long de l'escalier menant au 1er étage, et pour certaines mesures de sécurité imputables à tout lieu public.

Qui dit écriture dit tout naturellement support d'écriture. C'est donc par là que débute la visite de ce Musée : tablettes d'argile destinées à supporter un texte écrit avec une pointe ou un poinçon. C'est ainsi que les tablettes des Sumériens et des Assyro-Babyloniens étaient gravées avant cuisson et portaient une écriture cunéiforme alors que celles des Romains, généralement en bois revêtu de cire portaient une écriture cursive. On découvre aussi les secrets de la fabrication d'un autre ancêtre du papier : le papyrus qui tire son nom de la plante, plutôt une grande herbe à tige triangulaire des bords du Nil qui peut atteindre plus de 2 m de hauteur et dont on utilisait la fibre textile. C'est sur de tels documents, découverts au 19 ème et au 20 ème siècle, que nous ont été révélées des oeuvres aussi importantes que la "Constitution d'Athènes" d'Aristote ou les comédies de Ménandre.

Parmi les types de parchemins les plus connus, on citera le vélin, obtenu à partir d'une peau de veau mort-né.

Le papier à partir de chiffons succéda au parchemin, entre les années 1600 et 1900, avant d'en arriver au papier à base de bois, le plus utilisé de nos jours. Le Musée retrace donc cette époque à travers des planches explicatives agrémentées de papiers issus de ces différentes matières premières. Des papiers qui sont, pour les premiers, encore fabriqués de manière artisanale au Moulin de la Fontaine de Vaucluse ou au Moulin de Brousses et Villaret.

L'étape suivante est constituée par la présentation des parchemins utilisés du 7ème au 17 ème siècles et qui sont obtenus à partir de peaux d'animaux spécialement préparées par un mégissier en vue de leurs utilisations à venir. Car si l'écriture est celle qui nous vient le plus facilement à l'esprit, le parchemin est aussi et encore utilisé sur les vrais tambours.

Au plus fin de sa finition, le parchemin fut utilisé au Moyen Age comme vitrage, d'où son nom de parchemin-vitrail. Pour l'écriture c'est la partie intérieure de la peau dont on se servait pour écrire.

Le papier peut aussi être obtenu à partir de nombreux végétaux à l'état brut : paille de riz, feuilles de bambou, paille de seigle ou assimilés : à base de crottin d'éléphant.

Avant les plumes, les encriers.

Cet objet, nos écoliers d'aujourd'hui en ont-ils encore connaissance ?

Si les pupitres existent toujours, il y a belle lurette que l'emplacement prévu pour recevoir le petit encrier en porcelaine blanche a disparu. Dommage pour eux qui ne connaîtront donc jamais cette sorte d'ivresse collective olfactive à chaque rentrée scolaire, lorsque l'un des leurs se voyait attribuer la tâche délicate de remplir lesdits encriers.

musée du scribe.jpgAu Musée du Scribe, plusieurs douzaines d'encriers sont exposés dans une salle prévue à cet effet, classés suivant leur matière. Les plus vieux datent de 1610. Parmi eux, quelques très belles pièces en faïence de Marseille, un encrier doublé d'un poudrier en porcelaine de Berlin et datant de 1750. Certains films tel "Au nom de la rose" nous montrent de quelle manière était utilisée la poudre.

Dans une autre vitrine se trouvent des encriers en régule (alliage à base d'étain, de zinc et de plomb) comportant le plus souvent des figures allégoriques : chevaux, oiseaux de proie, etc... Quant aux plus récents, ils sont en bronze, le réservoir à encre étant le plus souvent en cristal.

On peut aussi admirer des encriers de voyage ainsi qu'une très belle malette d'écrivain public. Un métier qui redevient à la mode, l'illétrisme étant loin d'être résorbé dans notre pays.

Du calame à la plume d'acier.

Impressionnante collection encore que celle consacrée aux instruments d'écriture qui vont des calames (tiges de roseau de bambou ou de cannelle taillées en biseau) jusqu'à la plume d'acier en passant par les plumes d'oie si romantiques, les plumes pyramidales en bronze et la plume en verre torsadé.

Des plumes, Jean Louis Bonnefille en possède entre 5 300 et 5 400. Toutes ces plumes, quelles soient à gorge, à collerette, à canon épaulé, échancrées, droites, obliques, inversées, à plusieurs pointes, à forme figurative ou atypiques comportent des caractères déterminants qui permettent de les répartir en grandes catégories.

Le porte plume a bien sûr sa place dans ce Musée : du porte-plume scolaire le plus banal en bois au plus luxueux au manche en ivoire ou autre matériau noble.

On trouvera aussi une belle collection de bouteilles d'encre ainsi que des poudres à encre. Au début du 20 ème siècle, les instituteurs fabriquaient en effet eux-mêmes l'encre destinée à leurs élèves à partir de pastilles. Le buvard naquit sous forme de feuilles au format des cahiers. On notera que les publicitaires de l'époque savaient faire passer leurs messages sur ce merveilleux support. Une version plus élaborée de ces buvards a donné naissance à de réels petits chefs-d'oeuvres. Il s'agit des tampons buvards qui vont généralement de paire avec les garnitures de bureau.

Avant de quitter le musée, le visiteur jettera un oeil sur la salle de classe des années 1920 reconstituée, grandeur nature, avec ses bureaux à deux places, voire même à 6 places avec banc, avec ou sans pupitre.

Le tableau noir avec craie et chiffon effaceur, cartes murales de géographie ou d'Histoire Naturelle, vitrine de "leçons de choses", poids et mesures, pipettes, globe terrestre, boulier, bibliothèque remplie de livres fanés d'autrefois garnissent cette salle de classe. Rien ne manque, pas même les blouses grises et les bérets des écoliers pendus aux patères et au fond de la classe le poêle Godin.

28/08/2008

LES FIGURES DE PIERRE DE MOUREZE

Mourèze 1.jpgGorgones, totems, dents cariées, têtes pensives ou grotesques : le Cirque de MOUREZE retint l'attention de Marcel de SERRE qui le visita en 1855 et fit à ce sujet une communication à l'Académie des Sciences, précisant que si ce type de site n'était pas rarissime, il était là remarquable. Le Baron TAYLOR, en 1837, en a décrit les lieux ainsi : "Le clair de lune qui prête une existence si vague et si mélancolique aux ruines des monuments des hommes, crée au milieu de ces rochers les images les plus étranges : ce sont quelquefois des fantômes humains errant parmi les édifices inconnus mais toujours grandioses, d'autres fois, des monstres qui ne peuvent habiter qu'un monde livré aux gnomes ..."

Dans MOUREZE, il y a "moure" = visage, profil, gueule, museau, trogne, bobine, bougie mais aussi : le rocher, le promontoire, le morne, le pic biscornu.

Il y a quelques dizaines de millions d'années, notre vieille terre avait déjà commencé à faire le cirque. Un cirque à grand spectacle !

Quelques titanesques plaques de son écorce s'emboutissaient comme des auto-tamponneuses, se chevauchaient, se culbutaient ...

Mourèze 4 cirque.jpgDans un processus complexe fait de glissements, de rotations, d'arasements, de failles, d'effondrements, le vaste Causse initial qui, dit-on, se prolongeait jusqu'aux Baléares, perdit son intégrité.

La montagne du Liausson, matrice de la dépression de MOUREZE, en fut affectée avant que d'autres types de modifications ne viennent à leur tour apporter leurs touches plus artistiques, plus douces.

Dans l'aspect actuel des figures tour à tour curieuses, grotesques, élégantes, suggestives, plusieurs facteurs sont à prendre en considération. La dolomie, tout d'abord, avec sa formule chimique qui définit un carbonate naturel doublé de chaux et de magnésie. Cette roche se présente en masses amorphes d'un étage géologique où s'allie la calcite.

L'irrégularité tient au type même d'érosion peu uniforme, concentrée en certains secteurs de calcaire et amplifiée ou freinée par les variations climatiques au cours des ères.

Mourèze 2.jpgOutre, MOUREZE et quelques coins du Larzac, deux exemples s'imposent sur les cartes dans les environs immédiats : Nimes-le-Vieux, en LOZERE et Montpellier-le-Vieux au nord-ouest de MILLAU.

Sur une superficie de plus de 300 hectares, se déploient les avatars de la roche, avec des masses et des hauteurs de dolomies fort importantes.

Une partie du cirque de MOUREZE "Les courtinals", a été aménagée en circuit payant par des itinéraires parfois inconfortables.

La liste des sculptures paraît interminable. Elle tient du bestiaire, ou d'une annexe du Grand Albert (Le Diable, la sorcière, le scorpion) ou de la sacristie (le bénitier, la mitre, la religieuse).

Mourèze 3 cirque.jpgLa plupart des baptèmes eurent pour instigateur et parrain Gaston COMBARNOUS, un Mouzérien passionné qui fut maire de sa commune et se consacra à l'étude du Cirque dolomitique jusqu'à sa mort en 1987.

Il publia quelques ouvrages visant à démontrer que le site était habité au Néolithique moyen (vers 4 000 ans avant J.C.) et jusqu'à l'époque gallo-romaine. Un petit musée regroupe d'ailleurs les pièces archéologiques découvertes sur place à plusieurs endroits.

A VOIR : la tortue, monstre de pierre et merveille de l'équilibre à quelques kilomètres sur la route de SALASC,

Au nord, le Château de la Marguerite

Les ruines de l'ermitage Saint Jean

Les grottes de Baumenègre.

21/08/2008

VILLENEUVETTE (la manufacture royale)

allée villeneuvette.jpgVILLENEUVETTE, manufacture créée en 1640 par l'un des plus puissants drapiers de la ville, Pierre Baille, recouvre l'industrie textile. Très vite Colbert soutient politiquement et financièrement l'établissement moyennant une production particulière : les "londrins seconds". On connait bien le contexte d'alors ; il faut concurrencer sur ce plan la Hollande et l'Angleterre. Vers 1680, 700 ouvriers travaillent aux métiers, aux foulons, à la teinturerie ou aux magasins. Mais c'est toute la région qui est impliquée dans l'affaire. Quatre villes de l'Hérault (St Chinian et le triptyque Bédarieux, Lodève, Clermont l'Hérault) ont un type exclusif de londrin du Levant. Après la faillite en 1675, Villeneuvette sera reprise plusieurs fois.

Après la période noire et dépressionnaire de la Révolution, le travail à domicile disparaît et les machines, mues d'abord par les cours d'eau, apportent le progrès, malgré les aléas de la saison estivale. Mais le changement réside aussi dans les produits : on ne tisse plus les étoffes de prestige qui partaient à Marseille sur les bateaux de la Compagnie des Indes, seulement le drap tout simple qui habillera les soldats. Ce sera là l'ultime faste.

grande vue place villeneuvette.jpgAu milieu du XIXème siècle, Villeneuvette qui appartient aux Maistre compte plus de 350 ouvriers. Mais à Clermont même les entreprises bourgeoises vont s'éteindre. D'une bonne douzaine, il n'en restera qu'une en 1895, le drap disparaît du pays... Villeneuvette résiste encore et c'est la vigne qui gagne.

Le travail des tisserands au XIXème siècle :

Le premier de la lignée des Maistre, Casimir, instaura dans son entreprise une manière de vivre en communauté assez éloignée de notre législation sur le travail.

Le coucher et le lever devaient se faire très tôt pour permettre de mieux avoir l'esprit au travail, mais chacun des ouvriers résidents avait, outre l'emploi, le logement, un cadre de vie décent et un petit coin de jardin. On bénéficiait aussi des soins médicaux et autres services, et les enfants recevaient une éducation gratuite jusqu'à l'âge de 12 ans. En revanche, on était quasiment cloîtré dès la tombée de la nuit, avec la fermeture du portail.

 villeneuvette.jpg

15/08/2008

LE SALAGOU

SALAGOU.jpgLa conque du Salagou, modeste ruisseau de 10ème ou 12ème catégorie hydrographique, avait certes de merveilleux autours, proches de la pourpre impériale, avant l'heure où l'homme moderne décida de la métamorphoser en plan d'eau. Si les prosaïques projets des concepteurs n'atteignirent pas tous leur but, le site y trouva tout de même une apothéose et une gloire touristique rapide. Les amoureux de la nature, les poètes, les peintres et les photographes y puisent le ravissement et l'inspiration. Et, tout artificiel qu'il soit, c'est vrai qu'il est beau ...

Cette roche aux teintes de sang coagulé et de vin hors d'âge n'a pas moins de 250 millions d'années : l'ère primaire ! Le barrage, lui, est en place depuis 1968 seulement. Entre temps, quelques dinosaures ont laissé les traces de leur passage, pas très loin de là..

Le Conseil Général Héraultais vota la construction du barrage du Salagou en 1959. La mise en eau est cause de déchirements et d'immersions de villages et de hameaux. L'entêtement d'un berger plus une décision de dernière minute firent que la côte prévue à 145 fut ramenée à 139. Le hameau de Celles était sauvé et devenait presqu'île. Depuis, les noires pierres basaltiques de ses maisons ont connu d'autres alertes, les caméras du cinéma et d'innombrables reproductions photographiques.

Salagou Lac.jpgL'actuel visiteur du Salagou ne pense sans doute pas à ce que représente de chamboulements la création d'un barrage et d'une retenue d'eau. Un village perdu dans l'aridité de la garrigue se retrouve entouré de campings et de pêcheurs. Le berger voit ses pâtures disparaître et la cave du viticulteur n'a plus aucune utilité. Là où il fallait cinq petites minutes pour rejoindre un point, il faut faire un long détour. Et l'indication du vieux panneau Michelin tombe à l'eau. C'est le cas de le dire.

S'il est une terre où le passé ressurgit à tout instant sous les pas, c'est bien celle aux abords du Lac du Salagou. Cabrières est l'un des rares lieux de la planète où l'on trouve des trilobites, curieux invertébrés fossilisés qui furent les premiers habitants de notre vieille sphère, voilà 600 millions d'années. A deux pas de là, ce sont les dinosaures et autres monstrueux reptibles qui en plusieurs endroits ont laissé leurs empreintes sur le roc, à La lieude ou plus haut, du côté de Lodève au Grézac. Quelques spéciments finirent même dans les collections de Georges SAND.

Unsclas-du-Bosc, relais templier sur l'itinéraire de St Jacques de Compostelle et son cimetière, révèla d'autres curiosités : une collection de stèles discoïdales en 1955 qui se trouvent actuellement au Musée Fleury à LODEVE.