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23/06/2008

LA REGORDANE

REGORDANE.jpgRégordane est le nom d'une ancienne route qui, à travers le Massif Central, relie la Méditerranée aux provinces d'Auvergne.

De la Camargue au Pays Vellave, le chemin de Régordane joint entre eux Garrigues, Cévennes et Gévaudan et tel un chapelet égraine du Puy jusqu'à Saint Gilles ses villes et ses hameaux dont les noms évoquent parfoir les us des voyageurs d'autrefois.

Son origine et son nom, perdus dans la nuit des temps, donnent lieu à de savantes hypothèses. On sait que le nom du chemin est lié à son tronçon cévenol entre Alès et Luc : Régordane évoque la voie des eaux qui s'acheminent de gourgs en gorges vers la plaine. On raconte aussi qu'en période estivale les lits asséchés des cours d'eau servaient eux-même de route.

Au gré de la faille géologique de Villefort, les troupeaux en transhumance ont emprunté depuis des temps immémoriaux cette brèche naturelle ouverte dans les montagnes. Est-ce à l'époque romaine que les premiers travaux ont été entrepris pour en faire une voie carrossable ?  Au 17 ème siècle, une tradition orale l'affirmait. Pourtant aucun vestige archéologique probant ne confirme cette hypothèse.

C'est au 11è et 12è siècles que l'itinere regordane connaît son heure de gloire, alors que les foules de pélerins se transportent jusqu'à Saint Gilles, de lieux saints en Terre Sainte. La fréquentation de ce chemin romieu est telle que seigneurs et évèques édifient en des points stratégiques des octrois défendus par des places fortes. Ils perçoivent alors de lucratives taxes sur les droits de passage en échange de leur protection contre les bandits de grands chemins. L'importance économique de la Régordane justifie alors des aménagements facilitant le passage des charrois. En ces temps de grandes affluences, la vie quotidienne s'organise le long de la route. Afin d'assurer gîte et couvert aux voyageurs, outre les nombreuses auberges, le chemin de Saint Gilles est jalonné de maladreries. Ces hospices, toujours situés en rase campagne ou aux faubourgs des villes, pourvoient au repos du corps et de l'âme des "pauvres passants". Sur les dizaines de maladreries que comptait le Chemin de Régordane, il ne subsiste aujourd'hui que celle de Pradelles. Parfois, le souvenir de quelques autres est transmis aux noms de lieux que nous rencontrons au gré de nos pérégrinations : la Maladrière près de Vézenobres, la Malautière à Génolhac...

13/06/2008

LES JOUTES SETOISES

Il y a 3 siècles, les premiers jouteurs s'affrontaient sur les eaux du tout nouveau port de SETE, avant même que Pierre-Paul Riquet n'ait prolongé son fameux canal jusqu'à la Méditerranée. Même rituel en 1823, un siècle et demi plus tard, pour honorer la duchesse d'Angoulème, fille de Louis XVI. En 1966, on renouera avec ce faste pour célébrer avec le tricentenaire de la ville, celui d'une institution qui perdure toujours.

Il existe d'ailleurs à Sète, au musée Paul Valéry, jusSETE Fête de la St Louis.jpgte au-dessus du Cimetière Marin, une salle de joutes où documents et iconographies racontent l'histoire étonnante de ces jeux d'eau et de lumière dont l'origine se perd dans la nuit des temps. A première vue, les pavois et les lances font plus référence aux faits d'armes qu'à d'aimables divertissements. D'où l'origine présumée guerrière de ces échanges virils qui renverraient aux tournois médiévaux des chevaliers d'antan. En fait, les avis sont partagés et comme toujours les exégètes ne sont pas d'accord. D'aucun plaident pour de simples jeux dont on retrouve la trace non seulement dans toutes les régions de France mais très loin dans le temps en Grèce, dans l'ancienne Egypte, au Cambodge dans les eaux du Mékong et même en Chine !

A Sète on dénombre pas moins de 6 sociétés de joutes, plus les écoles qui forment, dès le berceau, les futures chevaliers de la tintaine ; soit quelques centaines d'adeptes très motivés qu'au solstice d'été des milliers de spectateurs déchaînés viennent soutenir de leurs vivas ou, si leur étoile vacille, accabler de leurs lazzis.

Les barques bleu et rouge prolongées de leur quintaine (la tintaine) attendent leurs chevaliers blancs tandis que préludent les hautbois et les tambours. Une singulière cantilène s'élève, cet air mystérieux des joutes que Toussaint Roussy, le 1er conservateur du musée, attribuait à Lully, le compositeur préféré de Molière, qui donnait la comédie non loin de là, à Pézenas.

Au Cimetière Marin, "où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres", les noms des champions sont gravés dans la pierre, auréolés de glorieuses épitaphes. Ils sont véritablement entrés dans la légende sétoise. Les peintres connus et inconnus les ont immortalisés, ils inspirent aussi les poètes ; la musique aigrelette du hautbois a tellement charmé l'un d'eux (Francis-Octave Blama) qu'il a fait de cet instrument naïf et presque mystique le sésame magique de ce rituel :

Note à note, il métamorphose

Ordonne, anime, recompose

Idéalise le tableau.

Et la joute chevaleresque

Devient une irréelle fresque

Dans l'azur du ciel et de l'eau...

05/06/2008

SETE, LA VILLE AU PONT UNIQUE

SETE Théatre de la Mer.jpgL'agglomération proprement dite de SETE restera longtemps un gros village de pêcheurs entre mer et étang. L'église Saint Louis, monument significatif sétois, n'est construite qu'en 1700. Les premiers bâtiments de la mairie datent de la même époque et un seul pont-levis, en bois, enjambe le canal. Aucun hôtel particulier, aucune facade importante ... mais un trafic continuel de voyageurs et de négociants fait prospérer quelques auberges.

Les rues étroites, les relents d'écuries, les miasmes d'abattoirs, l'eau souvent insalubre et autres incommodités existent toujours dans la première moitié du XIXè siècle, bien que la cité soit en passe d'atteindre les 10.000 habitants. L'architecte Giral voulait pourtant faire de Sète "la plus belle ville maritime d'Europe" en 1779 ! C'est un autre montpelliérain, Léon Rosiès qui, devenu architecte municipal de Sète, va construire la vraie ville à partir de 1883. Les halles voient le jour, le collège communal, la Bourse du travail et de nombreux autres immeubles suivent ... Entre temps, Sète qui pousse du Sud au nord a vu arriver l'eau potable et le rail. Une ordonnance royale lui a même accordé ses nouvelles armoiries en 1816. Elle ratera sa révolution industrielle avec, en 1893, l'abandon des hauts-fourneaux à peine construits. Mais qu'importe ! la capacité des quais a été doublée. Avec la destruction du vignoble par le phylloxéra, ces quais ont vu s'inverser le flux du vin dans des proportions avantageuses. On compte près de 2 millions d'hectolitres importés pour 240 000 exportés en 1880, et sept ans plus tard, les exportations auront quasiment doublé. Par corollaire, la tonnelerie occupe une place mondiale et la fabrication de vins d'imitation et d'apéritifs se développe formidablement. ( en photo : le Théatre de la Mer )

04/06/2008

SETE PETITE MARSEILLE EN LANGUEDOC

2087275685.jpgLe port de SETE est l'oeuvre de Colbert, du chevalier de Clerville, ingénieur du roi et de Pierre-Paul Riquet qui en fut adjudicataire des travaux. Pour donner une embouchure méditérranéenne au Canal du Midi, on préféra le "Cap de Cette", alors quasi désert à d'autres ports existants mais considérés comme ni sûrs ni commodes. Cela se passait en 1666 et, sept ans plus tard, la jeune ville était érigée en consulat et recevait ses privilèges royaux.

Mais ce site était connu depuis l'âge de Bronze et des gallo-romains pas encore "Sétoris" qui vivaient près du Barrou tiraient profit d'une petite industrie basée sur la saumure du poisson pêché dans l'étang de Thau. Il semble que les lieux furent occupés de façon constante jusqu'à la fin de l'empire romain et qu'un commerce actif se soit instauré avec des régions d'Italie et de l'Espagne. Nul doute que le Mont Saint Clair, repère incontournable des antiques navigateurs et répertorié par Strabon, n'ait été à l'origine de tout cela.

Au Moyen Age, Sète se nomme Sita ou parfois Ceta et appartient à l'abbaye d'Aniane. Plus tard, elle sera aux évêques d'Agde et cela jusqu'à la Révolution de 1789. L'agriculture y fera de timides apparitions avec quelques troupeaux paissant sur des terres alluviales dont le nom "Les Métairies" nous signale encore la position géographique. Mais ce sont toujours les pêcheries de l'étang qui, bien à l'abri des coups de mer, représentent l'activité principale. Tout reste cependant à un échelon bien modeste, puisque à la fin du XVIème siècle on ne recense là qu'une centaine d'âmes.

C'est alors que le gouverneur du Languedoc, diligenté par Henri IV, projette la construction d'un port, du côté de ce que l'on nomme aujourd'hui La Corniche. Après l'édification au sommet de Saint Clair du fort de Montmorencette (du nom du connétable Henri Ier duc de Montmorency), le projet sera abandonné. On attendra donc le percement du Canal du Midi pour que la construction d'un port soit effective. L'affaire ne sera pas une réussite aussitôt avérée, du fait de l'ensablement continuel de la rade ; et les constructions plutôt défensives de Colbert ne corrigeront pas très bien ce défaut. Ce ne sera que plus tard qu'un dispositif efficace sera mis en place. Pourtant Sète va se développer, à telle enseigne que Frontignan, alors siège de l'Amirauté et important port de commerce, en perdra quasiment toute activité. Le nouveau port Languedocien a certes son utilité, mais il manquera d'investisseurs régionaux, même s'il est considéré comme "La Marine de Montpellier". Les comptoirs allemands, suisses et d'Europe du Nord compensent un peu. Si la concurrence avec Marseille est très vive, Sète importe pourtant des denrées exotiques qui permettent, au début du XVIIIè siècle, la création d'une raffinerie de sucre ou, plus tard, celle d'une manufacture de tabac de Virginie. On verra aussi s'établir une fabrique de savon mais tout cela restera hasardeux, sans envergure et sans durée.

Les quais vont connaître par contre une forte activité avec l'exportation. Les produits manufacturés, le sel et autres denrées comme les textiles et la laine sont embarqués à destination d'autres pays méditerranéens, du nord de l'Europe et de l'Amérique. Mais le vin et l'alcool représentent un marché formidable. La distillation est devenue une véritable spécialisation de la région et les productions d'eaux de vie jouissent d'une réputation véritablement mondiale. La marine à voile, les hollandais surtout, en fait ample consommation pour pallier le mauvais vieillissement de l'eau douce embarquée. Les armées aussi en demandent beaucoup, mais le phénomène est général dans toute l'Europe. A la fin du XVIIè siècle, Sète est connue sous la périphrase de "Port de l'alcool". Les chiffres ne démentent pas : annuellement, ce sont 45 000 hl. de vins et 10 000 d'eaux de vie qui s'y exportent. Longtemps encore le vin fera vivre le port.