28/12/2008
AIGUES MORTES, UNE VILLE DE ROI (2)
Ville marchande autant que militaire et surtout véritable entrepôt international, Aigues Mortes tiendra une importante place jusqu'au début du XIVè siècle.
Le sel, les étoffes, les épices, les céréales paieront les murs et nourriront les habitants. Puis les ensablements successifs et coûteux, les razzias barbaresques et autres coups du sort auront raison de sa prospérité avant que le port marseillais, devenu français en 1481, ne lui porte l'estocade finale.
On aura beau rapporcher le port de la ville, creuser un chenal plus rapide que le Canal Viel, rien n'y fera. Jacques Coeur n'aura là le mouillage de ses nefs qu'une brève période et les marchands italiens revenus n'y resteront pas.
D'autant plus que les grandes épidémies trouvent dans les palus un terrain de prédilection. Enfin, les Guerres de Religion rendront peu sûre la contrée...
Pourtant, en juillet 1538, la cité royale renoue avec l'accueil des souverains : Charles Quint et François 1er y signent un traité de paix.
Restant la ville du sel, Aigues Mortes sera aussi une place de sécurité pour les calvinistes. Ils y ont la Tour Carbonnière et le Fort de Peccai outre la charge de la ville ... Jusqu'à ce que Louis XIII vienne l'assiéger en 1622... On connaît la suite, la révocation de l'Edit de Nantes, l'évasion de Mazel, l'histoire de Marie Durand et le "résister" gravé sur la margelle du puits du cachot .. Oubliée !
Dès lors, il peut sembler que l'histoire d'Aigues Mortes se résume à celle de sa tour-prison. Pourtant, l'histoire tout court laissera ici quelques péripéties piquantes et quelques victimes avec la Révolution et ses suites. A plusieurs reprises, on tente de réhabiliter le port avec parfois un bref succès, on rectifie le chenal maritime du Grau du Roi en 1845 ... Mais le chemin de fer gagnera définitivement la partie. Quelques écrivains de passage s'extasient sur les remparts dont Chateaubriand en 1838.. D'autres voient lentement mourir ... "Au bord d'une eau stationnaire, Aigues Mortes aux vingt tours, la ville poitrinaire..."
C'est un lieu que l'on oublie ... que l'on dit maudit et hors de tout car on y massacre même de pauvres ouvriers italiens le 16 août 1893. Mais elle n'en est pas moins devenue cité agricole et son destin s'est définitivement lié à la production du sel. Aujourd'hui, c'est tout au long de l'année que les touristes visitent la ville où, immortalisé par Pradier, Saint Louis est debout sous les platanes de la place. Pas très loin sont tous les hauts lieux qui racontent le cours du temps : Notre Dame des Sablons qui n'était pas encore achevée lorsque le roi s'y recueillit avant son départ pour la 7ème croisade, les chapelles des pénitents blancs et gris, l'ancien couvent des Capucins, l'hôtel du Gouverneur et tout cela gardé par les remparts, les tours, les créneaux .. Et puis la formidable présence de cette forteresse au beau nom de Constance.
Quelques chiffres : l'enceinte développe environ 1 600 m de remparts sur une hauteur de 7 à 11 m et pour une épaisseur à la base de 3 m. Elle est flanquée de 15 tours construites sur des plans différents, tours d'angle, tours jumelles... On y accède par 16 escaliers. La Tour de Constance dépasse les 34 m de hauteur et le phare qui la domine y rajoute ses 17 m. Son diamètre extérieur est de 22 m et ses murs ont une épaisseur de 6 m.
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27/12/2008
AIGUES MORTES, UNE VILLE DE ROI (1)
Un Roi de France désirait un port sur la Méditerranée et surtout un port indépendant des puissances financières et commerciales de l'époque. Saint Gilles était trop à l'intérieur des terres, Sète ne naîtra qu'après 1660, d'autres sites sont écartés... Voilà Louis IX troquant avec les moines de Psalmody le petit havre contre une terre au pied des murs de Sommières.
On n'attendra pas la rédaction des actes officiels pour commencer les travaux de la ville et surtout les aménagements du port. Il semble en fait que ce port se trouvait dans l'actuel Etang de la Ville et ne pouvait accueillir que des bâtiments de faible tirant d'eau. Ainsi, lorsque Saint Louis s'y embarqua pour la croisade en 1248, il dut d'abord traverser l'Etang de La Marette et suivre ensuite le Canal Viel pour arriver enfin au Grau Louis, près de l'actuel Boucanet. Là, au large, attendaient les navires de haut-bord. Le port d'Aigues Mortes était loin d'être une rade et pourtant une croisade plus modeste, celle de Thibaut IV, y avait vu son point de départ en 1239.
La forteresse et sa tour s'achevèrent après le départ du roi Louis, mais la ville était à peine terminée et toujours sans enceinte lorsqu'il s'y embarqua à nouveau le 3 juillet 1270 avec 60 000 croisés. Son fils et successeur, Philippe le Hardi, en conclut la construction deux ans plus tard, avec l'entrepreneur Boccanégra. A la mort de cet Italien, le travail fut un temps arrêté mais se termina toutefois avec le siècle.
Le grand quadrilatère et ses tours restent le type même de l'architecture militaire de ces temps : avec des influences arabes puisqu'on dit qu'il a été calqué sur les plans de Damiette.
Certains veulent que ses pierres à bossages soient venues de Beaucaire par le Rhône. Sans doute leur bel aspect convenait-il à des lieux qui se voulaient résidence royale. Pourtant, dès 1307, c'est en prison qu'allait se convertir la Tour de Constance : d'abord pour 45 templiers qui devaient périr un peu plus tard sur les bûchers d'Alès... Des princes royaux y furent aussi incarcérés pour haute trahison, puis des magistrats catholiques, des femmes et des hommes protestants et même, après Waterloo, les officiers de la garnison de la ville surprise par les troupes royales.
Quant à la tour d'angle du sud ouest, elle servit de charnier après la honteuse reddition de Louis de Malepue et la reprise de la ville à ces Bourguignons que l'on sala à l'intérieur comme de vulgaires jambons, au début de l'année 1421. Il en reste l'immortelle histoire et le petit refrain : Bourguignon salé, L'épée de côté, La barbe au menton ... Saute Bourguignon.
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21/12/2008
LE LUNELLOIS (4)
Un des plus sanglants épisodes des guerres de religion eut pour théatre Saint Sériès et Saturargues, 18 ans après la révocation de l'Edit de Nantes, le 20 septembre 1703. Ce jour là, vers 10 heures du soir, les Camisards qui avaient pour complice le meunier de Saint Christol passent la Roque d'Aubais, massacrent onze personnes dans le premier de ces villages et soixante dans le second. Les maisons, le château et l'église sont brûlés. Les survivants se réfugient à Lunel qui, du coup, va se doter d'un nouveau rempart. Saturargues sera déserté pendant plusieurs années.
Entre temps, les "Villettes" ont été vendues mais leur vente a été cassée. Cependant, Lansargues a été rachetée par ses habitants, et ce au profit du roi. Lunel a vu aussi la construction de sa caserne, la réfection de son église et vécu d'autres péripéties.
Que voir en Lunellois ?
Tout d'abord : en ville, dans le centre avec les Caladons, les rues étroites, l'Hôtel de Bernis (vestiges de l'école juive) et quelques belles demeures retient l'attention. L'église abrite un orgue de Cavaillé Coll et la bibliothèque possède des joyaux. Sur le plateau, les après-midi de pétanque et les marchés du jeudi et du dimanche sont riches de couleurs, d'accent et de bonnes affaires. Et juste à côté sont les fraîches allées du parc conçues selon Le Nôtre. Quant aux Arènes, dès que vient la belle saison...
La garrigue lunelloise est un merveilleux lieu de promenade et de découverte : sur les bords du Vidourle, de Saint Jean de Nosé à La Jassette proche du Pont d'Ambrussum, ou du côté de Saturargues, de la Coste ou du Grès Saint Paul.
Le Mas des Caves est reconnaissable de loin avec sa curieuse construction tout en haut du coteau. Ce fut la demeure de l'Abbé Bousquet qui, vers 1750, produisait le meilleur des muscats. Plus loin c'est le hameau disparu que l'on nommait Montels et dont une seule croix marque l'emplacement. Juste au-dessus, La Tour de Farges à d'autres histoires à conter. Savez-vous qu'elle a connu Courbet, Michelet, Karl Marx, au temps de François Sabatier d'Espeyran et de la cantatrice Caroline Unghet, son épouse ?
Descendez au village : sa mairie n'est ni plus ni moins qu'un château dont l'orangerie" est une merveille. J. J. Durand, maire conventionnel de Montpellier et guillotiné en 1794 en fut propriétaire.
Lansargues possède une église classée et, comme les autres communes jouxtant l'Etang de l'Or, des marais où paissent plusieurs manades de taureaux.
Poussez jusqu'à La Grande Motte, car elle est bel et bien en Lunellois. Les planches à voile, le golf, le port et le béton des clairs immeubles ne doivent surtout pas nous faire oublier les pins ; ces pins qui jadis recouvraient tout le littoral et que l'on a replanté aux pieds des pyramides.
Et puis finissons la balade à Marsillargues, mais en passant par la "Route des Mas". Elle longe un instant l'ancien lit du Vidourle. C'est là un vrai pays avec des domaines en guise de villages. Marsillargues est au bout, avec sa ceinture de platanes, ses arènes à l'ombre du clocher et son château chargé d'histoire où tant de choses sont admirables. La salle de billard, la fontaine, les plafonds... Savez-vous qu'on y découvre le porc-épic, emblème de Louis XII, la salamandre de François 1er et le croissant de lune de Diane de Poitiers ?
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13/12/2008
LE LUNELLOIS (3)
La baronnie va encore changer et rechanger de main, passant de la couronne à un seigneur ou un autre et vice-versa. Les différents sont nombreux en son sein.
Lansargues veut se fortifier et Lunel ne veut pas... Marsillargues conteste des droits de passage sur une roubine... On vote la remise en état des berges du Vidourle et on s'occupe du canal... Mais bientôt les conflits religieux vont mettre le pays à sang. Lunel n'aura sans doute jamais connu une tension aussi grande et aussi longue.
En 1561, Marsillargues est représentée au colloque protestant de Montpellier (le bourg agricole comptera une centaine de départs en exil après la révocation de l'Edit de Nantes et 71 % de protestants au début du XIXème siècle).
A Lunel, on abattra un temps les édifices catholiques mais on changera aussi de bord...D'autres "Villettes" resteront acquises à la vieille religion.
La région va connaître quelques batailles, par exemple sur le ruisseau du Salaison (près du Crès) entre les soldats de l'amiral de Joyeuse et un certain capitaine Grille. Plus tard, à Saint Brès, l'amiral de Coligny venant de Toulouse perd plus de 100 hommes avant de mettre deux fois le siège devant Lunel où il perd encore 500 soldats. Revanchard en diable comme on le sait, il tente de prendre Aimargues sans succès et met le feu partout sur son passage en gagnant Pont Saint Esprit. Des villages sont pris et repris... Lunel est aux protestants en 1561... Lunel Viel tombe par surprise aux mains des soldats de Joyeuse déguisés en moissonneurs et Damville le reprendra encore en 1572... Marsillargues est huguenot en 1574.
Les choses ne s'arrêtent pas là ! En 1622, ce bourg sur le Vidourle est définitivement aux catholiques. La même année, la plaine aujourd'hui si paisible entre Saint Just et Lansargues voit 400 hommes du calviniste de Rohan, partis de Lunel en renfort vers Mauguio, défaits par la cavalerie légère du Languedoc, près du vieux couvent de l'Arboras. Le 2 août, Lunel est prise par le prince de Condé, non sans pertes, et 3 charrettes de poudre y font explosion, détruisant des maisons et tuant une soixantaine de personnes. Louis XIII va y faire son entrée quelques jours plus tard et ordonnera la démolition des remparts....
16:30 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : histoire, culture, région, tourisme, sud
09/12/2008
LE LUNELLOIS (2)
La baronnie de Lunel semble avoir connu, à part quelques exceptions, des seigneurs relativement sages et peu turbulents. L'un se voit restituer le fief de Lansargues pour ses bons services. L'autre achète les moulins de Marsillargues à l'abbaye de Psalmody mais, en 1241, un autre se rallie à la révolte du comte de Toulouse contre Saint Louis. Il est vrai qu'un peu plus tard, un autre encore décida de prendre part à la croisade avec de roi, mais la mort l'en empêcha... En 1262, les Templiers s'établissent à Saint Christol et quelques années plus tard, un procès les oppose à Lunel pour un problème de bornage. Différent alors fort commun, la terre représentant une source de richesses pour les dépaissances du bétail et le bois de chauffage autant que pour les cultures. Mais la lignée des Gaucelm s'éteint et, en 1295, la baronnie est cédée à Philippe-le-Bel. En échanges de services, ce même roi cède en juillet 1304 le fief de Marsillargues à son trop célèbre conseiller Guillaume de Nogaret (voir photo). Celui-ci y fait construire un château et ne se prive pas de vexations à l'encontre de Lunel. (Le château sera transformé en 1576 et en partie détruit par un incendie en 1936, avant qu'on ne procède à sa restauration).
En 1317, la baronnie sera donnée par le roi au seigneur de Sully. Lunel va alors avoir ses consuls : deux pour la ville et un pour les "Villettes". La baronnie reste donc une communauté, mais cela n'empêche pas pour autant les différents... Pourtant ce sont des tracas d'une autre importance qui vont surgir. Avec les Grandes Compagnies, rien n'est sûr et l'on fortifie à tour de bras. En 1357, de Cervoles menace à l'est. Dix ans plus tard, on n'ose trop vendanger à Mudaison, car les routiers y sont aperçus en septembre. Ce village est en effet sur le camin salinier, axe important allant de Villeneuve-les-Maguelonne à Beaucaire.
En 1359, l'espace de quelques jours, Du Guesclin fait de Lunel son quartier général. Pourtant, la ville sera aux mains des routiers en 1381, vingt ans après que Marsillargues ait subi le même sort. Mais c'est aussi l'époque où les vins du Lunellois, la Clairette et surtout le Muscat connaissent un formidable essor, en grande partie grâce aux papes avignonnais. Ce muscat sera, jusqu'à la catastrophe phylloxérique, l'ambassadeur du vignoble languedocien auprès des souverains et des grands personnages de toute l'Europe.
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08/12/2008
LE LUNELLOIS
Le Lunellois est un pays de cigales et de taureaux, de ciel bleu et de muscat doré, d'oliviers et de saladelles, de félibres et de galéjeurs. Avec ses masets sous les pins et ses plages au soleil, le Lunellois nous apparaît souvent comme une terre de fête, de savoir-vivre épicurien et de douce existence. Ses enfants ne le quittent qu'à grand regret, les touristes apprécient ses sites variés, les érudits y trouvent mille lieux où le passé sommeille, et les curieux mille petites choses qui séduisent et émerveillent.
Pour qui veut remonter bien loin dans notre histoire, le Lunellois offre un champ d'action fort étendu. Au nord de Lunel-viel, les grottes du Mas des Caves, haut lieu du muscat sur les vallonnements de galets ocres, nous font retourner à quelques 500 mille ans avant notre ère. Sur ce site préhistorique parmi les plus anciens d'Europe, vivaient alors des chasseurs et des pêcheurs ayant acquis quelque degré de civilisation. Plus au sud, à Lansargues, à Camp-Redon près de l'Etang de l'Or, c'est l'âge de Bronze qui a laissé ses vestiges. Sur ces étendues où fleurissent fin août les saladelles mauves, on retrouve aussi des tessons d'amphore étrusques. Mais c'est bien l'époque romaine qui a le plus marqué ces terroirs. En plaine, autour de Valergues, Lansargues ou Saint Nazaire de Pézan, la campagne fourmille quasiment de vestiges sur des lieux ayant été occupés depuis ce temps jusqu'au haut Moyen Age. Marsillargues n'est pas en reste avec son autel romain retrouvé dans le Vidourle et, du côté de la garrigue, on n'a pas à être jaloux. Le bourg de Saturargues a-t-il été édifié sur un ancien temple dédié à Saturne ou s'agissait-t-il de la ville d'un colon romain comme en bien d'autres lieux ? La proximité de la Voie Domitienne autorise à voir le Lunellois romain comme un pays alors fort bien occupé. Lunel-Viel et ses environs restent un exemple où les fouilles ont fait apparaître en divers lieux des nécropoles échelonnées sur plusieurs siècles. Et en avançant guère plus dans le temps, que penser de cette insistante croyance selon laquelle Charlemagne se serait arrêté au Mas des Caves ? Décidément, le lieu devait avoir son charme !
(sur les photos, le Mas des Caves et le Chateau de Lunel-Viel et son orangerie) A suivre...
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02/12/2008
Les Maîtres potiers en terre de faïence de Montpellier (suite n° 4)
Au siècle des Lumières, les fabriques de faïence furent à leur apothéose : jamais leur nombre n'a été, ni ne sera aussi important qu'à cette époque. Elles se modernisent passant ainsi du stade de l'atelier médiéval à une production pré-industrielle. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le faïenceries furent favorisées par des Edits promulgués par Louis XIV. Pour renflouer les caisses de l'Etat vidées par un règne affreusement dispendieux, le Roi contraignit les riches du Royaume à faire fondre leur argenterie et orfèvrerie. Pour faire face à une pénurie de vaisselle somptuaire, les potiers fabriquèrent des faïences imitant les modèles des orfèvres. Ce fut le cas du service du château de Marsillargues (près de Lunel) connu par un inventaire testamentaire très détaillé qui fut livré au Comte de Calvisson par les faïenciers de Montpellier. La faïence blanche et bleue décorée de motifs conçus par Bérain, l'ornemaniste du Roy, est très en vogue, notamment celle produite par la fabrique de Jacques Ollivier qui obtint par privilège, en 1729, le titre de Manufacture Royale. Cette manufacture de Montpellier employait plus de 300 ouvriers qui fournissaient vaisselle de table, pots d'apothicaire ou même des objets usuels comme des fontaines, des encriers, des consoles ou des revêtements de cheminée. Plus tard, les peintres mirent d'autres tendances au goût du jour, en particulier celles de Moustier ou de Marseille.
Au milieu du siècle, une nouvelle technique, le Petit Feu, se généralisa. Elle permit d'enrichir la palette chromatique et fut appliquée pour les semis de fleurs au naturel inventés par les peintres allemands. A Montpellier, cette mode fit fureur : sur un émail blanc, des bouquets de fleurs champêtres entrelacent une rose cocardière peinte au violet de manganèse puis en bleu indigo. Vers 1770, André Philip, un faïencier de Marseille, travailla à la manufacture des Ollivier puis s'associa avec un autre atelier. Est-ce à lui que l'on doit l'introduction de la faïence à fond jaune passée à la postérité sous le nom de Vieux Montpellier ?
Le glas de la faïence montpelliéraine sonna au XIXème siècle : fascinés par la perfection des porcelaines, les notables boudèrent la faïence jugée alors archaïque.
Perdant cette clientèle argentée et ne sachant pas toujours rebondir lorsque les débouchés commerciaux vers les colonies furent freinés, la plupart des faïenciers firent faillite. Ce n'est qu'en 1907 que la faïencerie de Foncarade reprit le flambeau délaissé à la fin du XVIIIème siècle et remit au goût du jour les faïences à l'ancienne. Aujourd'hui, la fabrique Artus et Siffre en est la digne héritière, seule désormais à Montpellier à perpétuer un artisanat qui contribua à la prospérité de la ville pendant près de 4 siècles.
22:58 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : culture, histoire, région, tourisme, sud