16/06/2010
LE LAURAGAIS (3)
C'est à FANJEAUX que l'on retrouve une cruelle histoire. L'évêque cathare Guilabert de Castres y avait établi son domicile.
Simon de MONTFORT y installe aussi le quartier général de l'armée d'Ile de France en 1209. C'est de là qu'il partira pour défaire à Muret les troupes de Pierre II d'Aragon.
Mais l'hôte de FANJEAUX dont le souvenir perdure le plus est Saint Dominique. Issu de l'illustre et riche famille des Gusman, venu de CALERUEGA en Espagne, il s'établit à FANJEAUX en 1206 pour prêcher contre l'hérésie et la combattre. Il y demeurera neuf ans avant de gagner TOULOUSE. Sans sou ni maille, avec un seul bâton de pèlerin et une tunique de laine écrue, Dominique sillonne le pays et accomplit des miracles. A Montréal, il stoppe net l'orage avec un seul signe de croix et, depuis, on l'invoque contre la grêle. On dit aussi que les comètes lui obéissent... Ailleurs, alors que des paysans moissonnent le jour sacré de la Saint Jean Baptiste, sur son passage, les épis deviennent rouges de sang. Et un autel votif commémore le fait. Il est tant d'autres pierres semblables au bord des routes. A FANJEANX et à PROUILLE, il rassemble en communauté les femmes et filles cathares qu'il avait reconverties. L'année après son arrivée eut lieu, entre hérétiques et catholiques, la fameuse controverse de Montréal. La "Grande Dispute" sur l'initiative d'Aimery de Laurac, dura quinze jours, en langue commune et devant un auditoire public qui ne cessait de croître. Cela n'évita pourtant pas le choc des armes et les flammes des bûchers. A son départ de la région, Dominique laissera couvents et monastères en plein essor et ira faire rayonner son ordre et sa prédication très loin de par le monde et jusqu'en Asie. Mais l'hérésie cathare n'aura pas pour autant disparu du Lauragais.
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07/06/2010
LE LAURAGAIS (2)
Le Lauragais est un pays cathare sans châteaux cathares à visiter.
Il est formé d'une plaine faite de plates collines où les arbres sont, en certains lieux, rareté, mais en d'autres futaie.
Il est une terre de transition entre le Languedoc et l'Aquitaine et de passage pour des voyageurs, pèlerins et commerçants venant de bien plus loin.
Depuis toujours le Lauragais a l'agriculture pour vocation, grâce à son faible relief et l'étendue de sols profonds et fertiles. Dès la sédentarisation de l'homme, la culture et l'élevage y ont progressé. Beaucoup plus tard, au XVIème siècle, avec l'importance du pastel, on pourra presque parler d'une culture industrielle faisant la richesse des négociants toulousains. La richesse était aussi l'apanage des paysans si l'on en croit l'appellation flatteuse de la région au XVème siècle : "Le Pays de Cocagne".
Mais, bien avant cela, le Lauragais était en avance sur son temps lorsqu'il s'agissait de transformation des produits de la terre. C'est peut être au milieu du XIIème siècle qu'à Besplas et Pexiora tournèrent les premiers moulins à vent, technique nouvelle venue d'Orient avec les croisades. Aujourd'hui, avec le tourisme qui les réhabilite, les moulins à vent restent toujours associés à l'image du Lauragais. Mais, depuis bien longtemps, les exploitations agricoles se sont tournées vers le remenbrement, la polyculture, la technique de pointe et la performance, avec les productions oléagineuses et fourragères, le maraîchage et l'élevage. Dans les villages, les puissants tracteurs et les moissonneuses ultramodernes s'activent aux champs ou dorment sous les hangars, tandis que les imposants silos à céréales se dressent un peu partout. C'est le moutonnement d'un patchwork de couleurs qui change avec les saisons : blé, sorgho, maïs, colza, tournesol...
Les haies y paraissent filiformes, maigrichonnes : les rares bosquets y sont des îlets languissants... Pour le voyageur qui file de Carcassonne à Toulouse sur l'autoroute des Deux Mers, le paysage pourrait être sans charme ni joie. Pourtant la séduction est bien réelle : la lumière joue un rôle de premier ordre en cela, véritable magicienne des éléments. Vents et nuages, ondées et arcs-en-ciel, matins de brume et midis radieux jouent continuellement avec elle. C'est cette orchestration bucolique de la nature qui a sans doute inspiré tant de poètes et troubadours depuis de temps de "Fine Amor" où, sous sa peau de loup, Pèire Vidal rimait : "j'ai le coeur joyeux en voyant ce temps si doux et le château de Fanjeaux qui me semble paradis...".
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26/05/2010
LE LAURAGAIS (1) Aude
Sur les cartes, le Lauragais s'étale du nord au couchant, depuis les pentes de la Montagne Noire jusqu'au seuil de Naurouze.
La Piège le borne du côté de l'Ariège, tandis qu'au sud et à l'est, ce sont le Carcassès et le Razès qui le délimitent.
Mais il existe aussi un Lauragais qui va jusqu'aux portes de Toulouse...
Lieu de passage, grenier à blé du Languedoc Roussillon, terre cathare sont les appellations le plus souvent juxtaposées à cette région. Le Lauragais audois est vaste. Nous sommes au sud de Castelnaudary.
A quelques kilomètre de la capitale du Cassoulet, le petit village de Laurac est bien tranquille.
Perché sur son site, veillé par son église, il a gardé son profil primitif de "castrum" et semble attendre ses visiteurs. Laurac offre un point de vue magnifique sur ce pays chaurien. Laurac est l'ancienne capitale du Lauragais. On peut encore y voir d'intéressants vestiges historiques, telle la porte du XIè-XIIè siècle qui témoigne de son passé de cité fortifiée et sa solide église qui nous rappelle le temps de la "reconquête" sur l'hérésie.
Blanche de Laurac qui vivait ici devint une "bonne dame" cathare. Avec elle, les noms d'Esclarmonde, Aymeric, Seigneur de Montréal et de Laurac, Mabila, Géralda, Bruna, Francesca, Guilhem de la Hille, chevalier de Laurac, Bernard de Saint Martin et autres parfaits et parfaites ressurgissent dans les mémoires sitôt le nom du petit village prononcé.
Et voilà que Montségur semble tout proche, car quelques-uns de ceux-là y furent brûlés le 16 mars 1244.
Et comment ne pas rappeler qu'Aymeric avait été égorgé par Simon de Monfort, à Lavor, en 1211. Le même jour sa soeur Géralda était livrée aux soldats puis jetée au fond d'un puits et ensevelie vivante sous les pierres.
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10/05/2010
NIMES LE VIEUX (3)
Dans le village de l'Hom se trouvent de vieilles maisons de pierres et un chemin jadis emprunté par les boeufs qu'on menait paître. Sur la trace du bouvier et de ses boeufs vous découvrirez le plus bel ensemble de rochers ruiniformes du causse Méjean : Nîmes le Vieux.
Ce chemin du bouvier est concrétisé dès les premiers mètres du sentier par un "ferradou" en bois, lieu où les animaux, et particulièrement les boeufs, étaient ferrés.
Vous entrerez ensuite dans le chaos de Nîmes le Vieux sur le sentier aménagé par le Parc National des Cévennes, un sentier jalonné par plusieurs tables de lecture traitant du paysage mais aussi de la flore et de la faune, ou encore de la géologie ou des légendes se rattachant à ce site.
Le premier de ces panneaux intitulé "Un paysage fait main" explique les grandes lignes du paysage en rapport avec les modes de vie agricole et pastorale qui ont modelé ces terres.
On y apprend en particulier que les rochers des Causses (calcaire et dolomie) se sont formés au fond des mers qui recouvraient la région. Le calcaire dessine les croupes et les creux, tandis que la dolomie dresse les rochers ruiniformes et les corniches bordant le plateau.
Il va sans dire que les pâturages environnants et les plantes herbacées ont favorisé les caches pour les oiseaux sédentaires ou migrateurs.
Le faucon crécelle, le traquet motteux, le merle de roche, l'alouette lulu, la pie grièche trouvent ici à la fois abri et nourriture.
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06/05/2010
NIMES LE VIEUX (2)
Dans le village de Le Veygalier, une maison a été aménagée en salle d'exposition sur la géologie du Causse. Cette exposition permet de mieux comprendre l'origine des rochers aux formes bizarres où chacun peut y voir, grâce à son imaginaire, des êtres étranges ou des animaux fantastiques : sphinx, dromadaire, tortue, crocodile, etc... la tradition locale en ayant dénommé certains de manières suggestive : le rempart, l'oulo (la marmite) ou l'embrasure.
Ces étendues de rochers sont appelées "lapie" ou encore "lapiaz".
Les rochers des Causses (calcaire et dolomie) se sont formés au fond des mers qui recouvraient la région, sous le couvert de prairies et de bois, en climat chaud et humide. En pénétrant dans le sol, les eaux de pluie se chargeaient du gaz carbonique émanant de la décomposition des matières organiques et des racines des végétaux. L'eau, devenue très acide, dissolvait alors le calcaire, tandis que la dolomie restait. Quant au sol, après déboisement, il fut entraîné par le ruissellement, n'étant plus protégé par la végétation. Ainsi est né ce paysage.
Après une période de fortes pluies, vous aurez peut être la surprise de découvrir des petits lacs, certaines de ces dépressions fermées s'étant remplies d'eau. Des petits lacs qui peuvent demeurer quelque temps, le fond des cuvettes étant tapissé par des couches imperméables.
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05/05/2010
NIMES LE VIEUX (1)
En plein coeur du pays cévenol, entre Meyrueis et Florac, Nîmes le Vieux fait partie de ces lieux magiques qui incitent au merveilleux et à l'imaginaire.
On ne peut qu'être impressionné par cette cité ruiniforme qui surgit sur l'étendue dénudée du Causse Méjean, connue sous le nom de chaos de Nîmes-Le-Vieux. Rien à voir avec la Préfecture du Gard.
L'histoire, ou plutôt la légende, voudrait que, lors des guerres de religion, certaines troupes royales à la recherche des protestants, aient cru, enfin, atteindre leur but : la ville de Nîmes. Quelle désillusion !
Plus sérieusement, ce site ruiniforme aurait été baptisé ainsi en 1908 par son "découvreur", Paul ARNAL, pasteur à VEBRON, mais surtout grand fondateur du tourisme régional et fondateur du Club Cévenol. Deux ans plus tard, un article signé du grand géographe, Edouard-Alfred MARTEL (1859-1938) et paru dans la revue "Causses et Cévennes", parlait du site de Nîmes-le-Vieux en ces termes : "Des hameaux du Veygalier et de l'Hom jusqu'à la Borie de Galy, il se développe à l'altitude de 1 100 m sur près de 4 km d'étendue. Ce n'est pas comme à Montpellier-le-Vieux un groupement d'enceintes closes ciselées autour d'un grand massif rocheux central, mais un front de falaises, un ressaut de la surface du Causse Méjean, qui présente une grande longueur de demi-cirques, tout hérissé de centaines de dolomitiques, troués, taillés, sculptés..."
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08/04/2010
LE PARC NATUREL REGIONAL DU HAUT LANGUEDOC
En 1955 naissait l'idée d'un parc national sur le Caroux. C'était la grande époque de l'introduction du mouflon.
Monsieur PRIOTON, conservateur des eaux et forêts, fut l'instigateur du projet qui avait un double objectif : protéger et développer le pays. Ces précurseurs ne sont pas suivis.
Puis arrive l'idée du parc régional. Après cinq années d'études, le parc naturel régional du Haut-Languedoc est créé en octobre 1973. Il s'étend sur 145 000 hectares et concerne 70 communes et 70 000 habitants.
A cheval sur deux départements, le Tarn et l'Hérault, il dépend de deux régions : Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.
Longtemps affaibli et menacé par des considérations politiques, il est reparti avec une priorité : maintenir la vie au pays. La Charte a été révisée et un nouveau directeur est entré en fonction.
Les objectifs principaux sont la promotion des produits du terroir et un développement touristique en harmonie avec les équipements.
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21/03/2010
LE HAUT LANGUEDOC (5)
A l'époque romaine, une voie relie la voie Domitienne à la grande voie Béziers-Cahors.
Elle passe par Cessenon.
Et plus tard, le chemin d'Arles ou Via Toulouse mènera les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle par Saint Gervais Sur Mare et la Salvetat sur Agout avant de les diriger vers Castres. Il existe une transversale qui joignait la Voie Domitienne à la Tolosane en passant par Cessenon, Fontcaude et Puisserguier, sans doute gîtes d'étape. Elle emprunte la transversale romaine de Poujol sur Orb à Saint Vital.
Ces chemins furent ceux de l'exode lors des soubressauts de l'histoire. Du bas-pays on les empruntait pour chercher refuge dans les montagnes. Ce fut le cas lors de la croisade contre les Albigeois, lors des guerres de religion ou à la Révolution durant laquelle les forêts abritèrent plus d'un prêtre réfractaire comme elles donnèrent asile, plus récemment, aux maquisards.
En temps de paix, ils étaient voies de négoce. Les produits de la montagne se troquaient contre ceux de la plaine. Et les troupeaux prenaient les mêmes chemins à l'approche de la belle saison pour monter à l'estive.
Aujourd'hui, les drailles sont oubliées et les hommes qui vivent encore au pays sont rares. Mais son cadre naturel remarquable, ses villages préservés, ses vestiges d'un passé riche font du Haut Languedoc un site touristique remarquable. A charge pour ses habitants de le mettre en valeur sans le dénaturer. Il leur faut aussi faire face à la désertification des dernières décennies qui a laissé le champ libre à la friche et à la forêt. Dans ce contexte, le Parc Régional est un outil formidable.
12:04 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : histoire, culture, région, tourisme, sud
07/03/2010
LE HAUT LANGUEDOC (4)
Cols et vallées sont les lieux de passage privilégiés des échanges entre plaines et montagnes. Ici, les cols de Font-Froide et du Cabaretou sont des emplacements stratégiques. Sur les voies qui y passent se sont créées des villes importantes : Saint-Pons-de-Thomières et Olargues.
Depuis la nuit des temps, un réseau de voies de communication s'est développé dans cette terre-carrefour. A travers les âges, elles se recoupent souvent.
Au néolithique, les hommes pratiquent la transhumance. Les drailles qu'ils empruntent ont été fréquentées par les troupeaux jusqu'à ce siècle. Les témoignages de cette période abondent. Dans la région de Saint-Pons, quelques gisements riches en industrie osseuse ont valu à la civilisation locale d'être baptisée le Saint-Poniens. Les statues-menhirs dont une centaine ont été recensés dans le Haut-Languedoc, les plus beaux se trouvant dans le Tarn. Ce sont aussi les dolmens et les cupules creusées dans des dalles. Elles auraient été utilisées pour des offrandes liquides liées au culte auquel seraient mêlés les dolmens. Il existe aussi de nombreux vestiges d'un art dit schématique. Ce sont des gravures piquetées dans la roche. Elles représentent généralement des pieds ou des bonhommes stylisés.
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25/02/2010
LE HAUT LANGUEDOC (3)
D'accès plus facile, le Somail continue à vivre. C'est une zone agricole et forestière où feuillus et résineux sont largement exploités. Là commence le pays des lacs. Le lac de Vézoles et le lac de la Raviège, près de la Salvetat-sur-Agout, ont été créés au milieu du siècle dernier par EDF.
Les principales vallées sont celles de l'Orb et du Jaur qui courent vers la Méditerranée. La vallée de la Mare fixe les limites nord du Parc et sépare les Monts d'Orb de l'Espinouse. L'Agout prend naissance sur l'Espinouse et coule vers le Tarn.
La vallée de l'Orb est sous influence méditerranéenne, ce qui vaut à Roquebrun l'appellation de "Petit Nice". On y trouve des orangers aussi bien que des Mimosas et ce village pittoresque possède un jardin méditerranéen ouvert au public.
Les vallées de l'Orb et du Jaur sont aussi le pays des cerises. Cette culture est une tradition quasi centenaire, couronnée par la fête de la cerise au mois de mai.
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