03/11/2008
PONT SAINT ESPRIT, une ville sur le RHONE
Alors qu'aux marches de la vallée, la mosaïque du célèbre vignoble escalade les pentes des Côtes du Rhône, ce fleuve autrefois redouté alanguit quelques temps sa course entre Donzère et Mondragon. Sur sa rive droite, en aval du confluent avec la capricieuse Ardèche, la ville de Pont Saint Esprit est comme ancrée à fil de fleuve. Cette cité, aujourd'hui un peu ensommeillée, garde dans l'enceinte de ses anciens remparts un patrimoine riche et méconnu, souvent vétuste mais habillé du charme moussu des vieilles pierres qui ont vu tant d'eau couler sous le pont. De quais en allées, de places en impasses, des monuments illustres ou familiers racontent l'histoire des siècles, au temps où le sacré favorisait le négoce et où le dit des princes se mêlait aux clameurs des bateliers qui étaient les véritables seigneurs du fleuve. Pour Frédéric MISTRAL, c'est ici que "la provence apparaît, car son entrée c'est le Pont Saint Esprit avec ses piles et ses vingt arcs superbes qui se courbent en guise de couronne sur le Rhône. C'est la porte sainte, la porte de la terre d'amour".
Pour découvrir la ville, prenez la direction de Bollène, traversez le Rhône sur le pont neuf, puis remontez vers le nord et revenez par le pont Saint Esprit. Alors, encadrée par ses deux ponts que huit siècles de technologie séparent, la ville révèle son beau visage, sa façade fluviale. Le regard s'allonge sur le fleuve jusqu'à buter contre les silhouettes des églises Saint Pierre et Saint Saturnin qui dominent la ville. Clochers, coupole et campanile se découpent dans la clarté du ciel alors qu'à leurs pieds, les marches d'un escalier monumental s'inclinent en révérence sur leurs images reflétées dans les eaux du fleuve. "Il suffit de passer le pont", ce pont sacré, tellement célèbre au Moyen Age que la ville s'en appropria le nom et qui relie, à la façon d'un trait d'union, le sol vauclusien de la rive gauche à celui gardois de la rive droite.
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26/10/2008
CLOITRE et BATIMENTS CONVENTUELS DU PRIEURE ST MICHEL DE GRANDMONT
Datant probablement du début du XIIIème siècle, le cloître, de proportions modestes, est l'une des parties les plus intéressantes de ce prieuré. Bien que restant d'une grande sobriété, il n'est pas dépourvu d'une certaine élégance. Ses galeries probablement remaniées en cours de travaux, (en témoignent des croisées d'ogives à côté de structures romanes de l'ensemble du cloître) sont séparées du préau par un muret de 0,90 m de haut, supportant des colonnettes jumelées, surmontées d'arcs géminés en plein cintre. Les chapiteaux, dans leur ensemble, restent assez sobres. Seules les corbeilles de certains d'entre eux supportent-elles quelques ébauches de feuilles assez grossièrement sculptées. C'est également à partir de ce cloître, dans la galerie Est, que se trouve l'escalier droit et plein qui permettait jadis aux moines d'accéder à leur dortoir. Au centre du préau, un bassin témoigne encore de la présence d'une fontaine jadis alimentée par une source.
Perpendiculaire à l'église, l'aile du levant abritait au rez-de-chaussée le couloir des morts, la salle capitulaire et la salle des moines, tandis qu'à l'étage se trouvaient la cellule du prieur et le dortoir des moines. Le couloir des morts est un passage étroit qui permettait de faire communiquer le cloître avec le cimetière situé au chevet de l'église, ainsi qu'en attestent les découvertes récentes à ce sujet (1983), qui ont permis de mettre à jour plusieurs caveaux et pierres tombales, dont deux très belles tombes wisigothiques datant des Vème et VIème siècles. Ce couloir, qui pouvait également servir de vestiaire pour les moines, était emprunté plusieurs fois par jour par ces derniers pour leur visite au cimetière. La salle capitulaire ne fait désormais plus qu'une avec la salle des moines. Jadis, il s'agissait en effet d'une salle carrée (6 x 6m), voûtée d'une croisée d'ogives sans clef. Pour y accéder, à partir du cloître, on franchit une porte romane flanquée de deux fenêtres ajourées dont les arcs reposent sur deux groupes de trois colonnettes cylindriques. La salle des moines était le lieu de travail des moines, lorsqu'ils ne vaquaient pas à leurs occupations agrestes. Ils pouvaient d'ailleurs accéder directement aux champs par une petite salle voûtée dans le prolongement des deux salles précédentes.
A l'étage, au-dessus des salles, se trouvait donc le dortoir des moines ainsi que la cellule du prieur. Dans cette dernière pièce, il était jadis possible aux moines malades d'assiter aux offices grâce à une petite baie, aujourd'hui murée, percée dans le mur sud de l'abside. Reconstruit au XVè siècle, l'étage est éclairé par cinq grandes fenêtres à croisillons et meneaux.
L'aile sud était occupée par le réfectoire et la cuisine. Complètement remaniées au cours du XIXè siècle, ces pièces ne présentent plus grand intérêt. Quant à l'étage, il a été purement et simplement réaménagé en locaux d'habitation. Un escalier intérieur permet d'y accéder à partir de la grande porte percée au milieu de cette aile.
Enfin l'aile ouest abritait des locaux utilitaires et une salle réservées aux hôtes. Ces salles étaient voûtées d'ogives partant du sol et se croisant sans clef. L'une d'elles, à gauche en rentrant par la cour, vulgairement appelée "salle des chevaliers", comporte une grande cheminée de construction beaucoup plus récente.
A l'étage de cette aile se trouvaient des salles aménagées pour y recevoir le prieur, ce qui explique certains détails d'ornementation, notamment quelques belles fenêtres géminées romanes. Une belle cheminée romane surplombe la toiture de cette aile.
Quant au bâtiment à droite de cette aile, il date probablement du XIXème siècle, date à laquelle le prieuré a été racheté par la famille Vitalis, de LODEVE. C'est également de cette période que date le grand lac à l'est du prieuré, sur l'ancienne carrière de pierres ayant servi à la construction du prieuré. En atteste la plaque datée de 1850, libellée en latin, et ne négligeant pas les jeux de mots entre la famille Vitalis et l'eau vitale.
De cette période datent également les bâtiments situés à l'ouest du prieuré, et qui servirent alors de bâtiments à usage agricole. Des bâtiments actuellement en réfection afin de pouvoir éventuellement y recevoir des séminaires.
Depuis 1980, le prieuré revit à travers des manifestations d'ordre culturel. C'est ainsi que des visites guidées du prieuré et de son immense parc, dont une trentaine d'hectares sont clôturés depuis l'implantation d'une réserve consacrée à l'élevage de cerfs, de biches et de daims, sont programmées pendant toute une partie de l'année. Et dans le même esprit, des concerts de musique sacrée ou de chant choral sont donnés chaque été dans l'église à l'acoustique si exceptionnelle. Un juste retour des choses pour ce lieu magique, habité de tant de souvenirs d'époques plus ou moins lointaines, mais qui ont toutes su apporter leur contribution à l'édifice de notre patrimoine régional.
aile du levant
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24/10/2008
L'EGLISE ET LA CHAPELLE SAINT MICHEL DE GRANDMONT
Ces deux éléments du prieuré, construits à la fin du XIIème siècle et au début du XIIIème, reflètent bien l'austérité de la spiritualité grandmontaine au temps de son apogée.
Bâtie à la fin du XIIème siècle, l'église constitue la partie la plus ancienne du prieuré. Par son extrême simplicité, elle correspond bien aux traditions architecturales des grandmontains. Avec ses murs en grès, épais d'environ 1,30 m, elle ne comporte aucun contrefort. Seuls apparaissent encore, sur la façade nord, un rang de corbeaux de pierres destinés à recevoir les sablières de l'ancien "porticum", galerie de bois pouvant servir d'abri aux éventuels fidèles et de parloir aux moines. Désormais en lieu et place de ce porticum, on trouve la chapelle Saint-Michel, datant du XIVè siècle, dont l'appareil contraste avec celui de l'église. Cette chapelle était plus particulièrement destinée aux femmes et aux pélerins de passage qui n'étaient pas habilités à fréquenter l'église du prieuré. La nef de l'église, autrefois réservée aux seuls frères, est on ne peut plus nue. Longue de 20,60 m et large de 6,70 m elle ne possède aucun arc, pilier ou même ouvertures latérales. Sa voûte, unie et sans renforts, est désignée sous le nom de "vouta plana". La nef est prolongée à l'est par une abside semi-circulaire, plus large que la nef (7,80 m), voûtée en cul-de-four, et bien éclairée par trois hautes fenêtres en plein cintre, ébrasées vers l'intérieur, qui ont été récemment démurées et équipées de nouveaux vitraux d'une belle sobriété.
Trois portes donnent accès à cet église. Le portail principal, contrairement à ce qu'on pourrait le penser, n'est pas la grande porte située dans la façade occidentale. Celle-ci ne date en effet que du XIXème siècle et sa grandeur n'a d'autre explication que l'utilisation de l'édifice en cave. Le portail principal s'ouvre donc dans le mur nord, selon la coutume de l'ordre. Et dans cet univers d'austérité, il fait presque figure de décoration importante, avec son arc brisé, préfigurant déjà le gothique, et reposant sur des colonnettes portant des chapiteaux sans fioritures.
Ce portail était semble-t-il destiné aux rares fidèles admis dans l'église. Quant à la troisième porte, dépourvue de tout décor, elle donne accès directement au cloître, côté sud. C'était la porte des moines.
La seule note d'originalité de cette église se trouve à l'extérieur, sur le versant sud de sa toiture, il s'agit en effet de son clocher octogonal, datant du XIIIè ou XIVè siècle : une sorte de lanterne ajourée surmontée d'un petit dôme de pierre. Ce clocher est visible du cloître.
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22/10/2008
L'ORDRE DES GRANDMONTAINS
Né au Moyen Age, dans le courant du grand mouvement monastique de l'époque, l'ordre de Grandmont ne connut pas la même renommée que celle des Bénédictins, des Chartreux ou des Cisterciens, datant pourtant de la même époque. L'austérité de sa règle est probablement à l'origine de ce qui le démarque des autres ordres monastiques d'alors, bien que tous reposaient sur le même idéal de pauvreté et d'humilité.
Fondée en 1076 par l'ermite Etienne, la communauté des ermites de Muret (Limousin) s'était retirée à la mort de son fondateur (1125) dans un lieu encore plus sauvage, appelé Grandmont, qui devait lui laisser son nom. L'ordre se développait alors assez rapidement dans les régions limitrophes, créant des maisons appelées "celles" en Poitou, Auvergne et Languedoc en particulier. C'est ainsi que moins d'un siècle après la mort d'Etienne de Muret, l'ordre comptait déjà près de 150 celles dans le centre et le sud-ouest de la France, le monastère du Lodévois étant l'une des quatre implantées en Languedoc.
La simplicité et le dépouillement de ces celles reflètent assez bien ce qui était imposé aux religieux, familièrement appelés "les Bonshommes", par la Règle de Saint-Etienne.
Celle-ci imposait en particulier à ses membres une solitude absolue. Ce qui explique en partie le fait que les celles aient souvent été fondées dans des endroits isolés, parfois clôturés naturellement par des forêts. Jeûne, silence et pauvreté, individuelle ou collective, étaient imposés aux moines, lesquels devaient survivre grâce à leurs aumones et leur travail manuel au sein de leur celle.
Suite à une grave crise disciplinaire, par manque de hiérarchie et d'autorité véritable, l'ordre des grandmontains fut réorganisé en 1317 parle pape Jean XXII. Celui-ci plaça à sa tête un abbé général et regroupa les quelques 150 celles existantes en 39 prieurés conventuels, dont celui de Saint-Michel de Grandmont, en terre lodévoise. Dans le même temps, certains assouplissements furent apportés à la Règle. Mais ceci n'empêcha pas le déclin progressif de cet ordre au cours des siècles suivants. Un déclin accentué par la Guerre de Cent Ans et les guerres de religion. Ainsi en fût-il pour le prieuré de Grandmont, en dépit d'un dernier sursaut relevé au cours du XVIIè siècle.
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20/10/2008
LE PRIEURE DE SAINT MICHEL DE GRANDMONT
Situé à une dizaine de kilomètres de Lodève, sur un plateau désert dominé par les falaises du Larzac, le prieuré Saint Michel de Grandmont est un de ces lieux privilégiés où la spiritualité s'y exprime à travers des monuments datant de la fin du Néolithique jusqu'au Moyen Age. Particulièrement épargné par le temps et les guerres de religion qui sévirent dans la région, le petit monastère appartint pourtant autrefois à l'un des ordres monastiques parmi les plus stricts du Moyen Age : l'Ordre de Grandmont en Limousin.
Un lien déjà chargé d'histoire
Ce n'est certainement pas par hasard que le lieu ayant servi à l'implantation du prieuré Saint-Michel de Grandmont a été choisi par les moines de cet ordre né au Moyen Age. Toutes les études archéologiques menées sur ce site semblent en effet démontrer qu'il a été habité depuis plusieurs milliers d'années. A l'appui de ces thèses, la présence sur le terrain, et dans les proches environs, de nombreux dolmens, en plus ou moins bon état de conservation, mais qui prouvent l'existence de l'homme depuis la période néolithique (fin de la Préhistoire).
Une étude de l'implantation de ces dolmens montre en effet qu'ils sont relativement alignés en bordure du Plateau du Larzac, puis en-dessous de ce plateau sur deux terrasses plutôt orientées vers le Sud. La présence de nombreuses sources dans cette région, comme sa position privilégiée en surplomb de plusieurs vallées en ont fait un lieu priviliégié pour l'homme.
Dans l'actuelle propriété privée incluant le prieuré de Saint-Michel de Grandmont, deux dolmens érigés et les traces d'un 3ème sont encore visibles. Situé à l'ouest du prieuré, le plus connu en même temps que le plus exceptionnel, avec son ouverture en porte de four, est sans conteste celui du Coste Rouge. A l'est du prieuré, le Dolmen du Belvédère, relevé depuis quelques années par les actuels propriétaires, se trouve à proximité d'un autre dolmen, malheureusement en ruine, mais qui permet, grâce aux fouilles effectuées récemment par le Groupe Archéologique Lodévois, d'en délimiter les contours. S'il est désormais acquis que les dolmens n'étaient autres que des sépultures collectives, pouvant en certains lieux contenir plusieurs dizaines de corps, plus énigmatiques et prêtant à toutes les hypothèses, même les plus saugrenues, sont les pierres taillées disséminées dans le parc du prieuré.
Habité depuis des milliers d'années, ce lieu n'a pourtant élaboré sa renommée qu'au Moyen Age, date à laquelle fut construit le prieuré Saint Michel de Grandmont.
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13/10/2008
LE CIRQUE DE NAVACELLES : la rivière Vis
Longue de 56 kms, la Vis est le principal affluent de l'Hérault. Elle prend sa source au pied du Mont-Aigual. Après avoir dévalé quelques belles pentes granitiques, elle pénètre dans le Causse et là, phénomène étrange, elle y disparaît soudain, du côté de Sauclières, pour ne ressurgir bruyamment que 13 kms plus loin, au moulin de la Foux, gonflée de l'apport de tout un réseau souterrain. Pendant cette disparition sa présence est encore virtuelle à travers ses méandres à sec qui ont d'ailleurs donné le nom de Vissec au village situé au fond de ces gorges, souvent survolées par les grands rapaces, dont les aigles royaux et surtout les vautours fauves, réintroduits dans la région. Les crues de la Vis, bien que plutôt rares, n'en sont pas moins effrayantes pour ses riverains. Plusieurs thalweghs, ordinairement secs, peuvent être parcourus par d'énormes torrents, ce qui fait dire aux villageois du cru : "Le Vissec est venu".
En revanche, plusieurs assèchements de la Vis ont été constatés au cours de ces derniers siècles : en avril 1779, la résurgence fut tarie pendant 8 jours. Le même phénomène se reproduisit en 1890 pendant 24 heures, en 1922, pendant 2 heures également, en 1927 pendant 8 heures et en 1961 pendant 6 heures. Ces phénomènes sont expliqués par des experts comme provenant d'éboulements intérieurs plus ou moins importants.
C'est donc par une magnifique cascade, souvent tonitruante, que la Vis refait son apparition, avant de poursuivre son chemin par de multiples méandres jusqu'au village de Navacelles, où là aussi, à hauteur de l'auberge du village, elle chute une nouvelle fois par une superbe cascade de 12 mètres de haut. Après quoi, la Vis reprend ses méandres jusqu'au hameau de Madières, abritant dans ses eaux une population préservée de truites sauvages. Enfin, c'est beaucoup plus calmement et d'une manière plus rectiligne qu'elle se dirigera vers Ganges. Autant dire que les eaux de la Vis ont intéressé les ingénieurs électriciens lesquels au début du XXème siècle en ont même tiré profit en créant une usine hydro-électrique à Madières, après avoir capté une partie des eaux de la résurgence dans des conduites forcées sur plus de 10 kms et en les faisant chuter dans les turbines d'une hauteur de 112 mètres.
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09/10/2008
LE CIRQUE DE NAVACELLES : des hommes et des pierres
Dans ce milieu aussi aride que celui du cirque de Navacelles, on peut se demander si l'homme a pu y trouver une place. Suivant le vieil adage : "Les pierres parlent à ceux qui savent les entendre", il semblerait que l'occupation de ces lieux remonte à l'Antiquité la plus reculée. En témoignent dans les gorges de la Vis, ces grottes ou "baumes" s'ouvrant dans les falaises. Les traces de ces premières demeures apparaissent en effet au sommet des pentes les plus abruptes. Ces abris sous roches et ces cavernes furent donc les premiers habitats pour ces hommes qui passèrent sucessivement de l'outil de pierre à l'art de la poterie. Entre Saint Maurice et la Baume Auriol, la "Balad de las trapas" (le ravin des trappes) permet encore de découvrir certains de ces abris sous roches ainsi que les sentiers préhistoriques.
Au fond du cirque, au hameau de Navacelles, de l'autre côté de la Vis, que l'on peut traverser sur un petit pont de pierre en dos d'âne, quelques traces d'habitat troglodyte demeurent apparentes, au-dessus des maisons plus récentes. Ligures, Celtes, Gaulois (Volques) puis plus tard les Romains ont laissé des traces de leur passage dans ces lieux.
Et il semble bien que l'origine du nom Navacelles remonte aux siècles ayant suivi cette domination romaine, avec l'introduction du christianisme. C'est à cette époque en effet que des moines s'installèrent dans la région, fondant des "cellae" (ou granges) autour desquelles vinrent s'établir quelques habitations. Par la suite, les cellae devaient plutôt désigner des ermitages. Navacelles viendrait donc du latin "Nova cella" ou nouvel ermitage.
Et puis certains n'hésitent pas à comparer ce canyon des causses à ceux du Colorado, pourquoi ne pas penser aussi à ceux qui en ont subi son attrait irrésistible pour le métal précieux à portée de mains dans les eaux limpides de la Vis : l'or.
Certes, il ne s'agissait certainement pas de paillettes d'or, recueillies sur des toisons de brebis, mais il est un fait que cette exploitation fut pratiquée un temps à Navacelles.
L'élevage et la culture des céréales, sur les terres reprises sur la forêt, expliquent pourtant mieux la présence de l'homme sur ces lieux. Celui-ci est même devenu l'artisan principal de l'évolution du paysage environnant. Ainsi, ce n'est certainement pas par hasard que le hameau de Navacelles a été implanté à proximité des seules terres cultivables du méandre. Au cours des derniers siècles, l'homme n'a pas craint sa peine, en poussant même la difficulté jusqu'à aller édifier, sur les côteaux environnants, des kilomètres de murets en pierre sèche. Sur ces terrasses, dont certaines sont encore apparentes, il y cultivait alors l'olivier, la vigne et d'autres cultures vivrières.
Actuellement le village ne compte plus que quelques habitants en plein hiver et un peu plus en saison estivale, en raison de plusieurs résidences secondaires.
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06/10/2008
LE CIRQUE DE NAVACELLES
Entre départements de l'Hérault et du Gard, les gorges profondes et les falaises altières de la Vis séparent d'une manière naturelle le Grand Causse du Larzac du Causse de Blandas et offrent une vue sur plusieurs cirques grandioses, dont le plus réputé est le Cirque de Navacelles.
Entre 100 et 200 millions d'années, la région était recouverte par la mer. Peu à peu, des sédiments calcaires apportés par les fleuves et des débris d'animaux marins sont venus s'y accumuler en strates horizontales à raison d'un cm par période de 500 ans. Ces sédiments ont finalement créé un gigantesque mille feuilles pouvant atteindre jusqu'à 1 500 mètres d'épaisseur.
Au tertiaire la région est parcourue de rivières descendant des Cévennes et qui elles aussi forment de larges vallées garnies d'alluvions. La plaine de Saint Maurice de Navacelle est un de ces vestiges. Mais petit à petit, sous la poussée des Pyrénées, cette plaine, devenue le Causse actuel, va se soulever. et au milieu coule la rivière, en l'occurrence la Vis.
Celle-ci y serpente nonchalamment et commence alors à creuser les gorges dont les bords reculeront et s'effriteront peu à peu en éboulis, sous l'action alternante de périodes froides et tempérées.
Beaucoup plus près de nous, soit 4 000 ans avant J.C., on va alors assister à un phénomène extraordinaire qui fera toute l'originalité du Cirque de Navacelles. En effet, 300 mètres en contrebas, la Vis va abandonner son méandre et rejoindre son lit par une cascade, laissant en son milieu une colline pierreuse en forme de pyramide ou d'huitre, suivant l'imagination de celui qui la contemple, comme une île au coeur de l'océan pétrifié. Une île qui réapparaît parfois en tant que telle après des périodes particulièrement pluvieuses. C'est pourquoi cette ceinture de terres porte parfois le nom de "negadis".
Il y a environ 10 000 ans, le Causse était recouvert par une forêt de pins sylvestres et de genévriers. Puis sont venus les chênes rouvres, à feuilles pétiolées et les chênes pubescents, à l'écorce riche en tanins.
Ceux-ci, il y a environ 6 000 ans, devaient laisser la place à des lauriers, hêtres, tilleuls et noisetiers. Vint alors le temps où l'homme se mit à défricher le causse. Le thym et les asphodèles s'installèrent alors sur les landes, tandis que les buis supplantaient d'anciennes chênaies. Dans le même temps, au fond des gorges, peupliers, frênes et saules se déployaient, au bord de la rivière. Actuellement, dans la vallée, des chênes verts au feuillage persistant sombre et des oliviers cultivés indiquent l'influence dominante d'un climat doux et méditerranéen. En revanche, sur les causses du Larzac et de Blandas, le chêne blanc témoigne de conditions climatiques plus rudes.
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27/09/2008
LE CHATEAU DE CASTRIES : du XXè siècle à nos jours
A la fin du XIXè siècle, le château cessa d'être la propriété de la famille de Castries. De 1883 à 1936 il passe en effet entre les mains du vicomte d'Harcourt.
En 1936, après rétrocession de leur château, le duc et la duchesse René de Castries entreprirent alors une 3ème restauration, tendant à gommer certaines erreurs de leurs prédécesseurs. Ils en profitèrent pour redessiner les terrasses d'après les plans retrouvés aux Archives Nationales et pour redonner à la cour d'honneur son ordonnance primitive. Dans le même temps, ils essayèrent de reconstituer le mobilier manquant.
Tel qu'il se présente actuellement, le château de Castries comprend donc un corps principal de 70 mètres de long, encadré de 2 tours carrées dont les toitures ont été entièrement restaurées entre 1994 et 1999. Le corps central est flanqué de 2 ailes longues de 50 mètres. Celle de l'ouest, de style Renaissance, est quasiment intacte ; celle de l'est, dont il ne reste que la façade, ne sert qu'à équilibrer l'ensemble.
Dans cette cour d'honneur, sous un portique dorique, trône un buste de Louis XIV, en marbre de Carrare, attribué à Pierre Puget (sculpteur français né en 1620 et décédé en 1694). Quant aux portes du rez-de-chaussée, surmontées par des frontons de style Louis XIII, elles s'ouvrent à l'est sur les terrasses et le parc. En contrebas de cette aile est les jardins à la française sont composés de parterres d'entrelacs de buis.
A l'intérieur du château, les parties les plus intéressantes demeurent l'escalier d'honneur tapissé de toiles de l'Ecole de Boucher et la grande salle des Etats du Languedoc dont les murs supportent de beaux portraits de famille. A l'entrée de cette salle se trouve un magnifique poële de faïence de Nuremberg, le plus grand conservé en Europe. Cette salle est prolongée par une bibliothèque riche de centaines de livres dont certains admirablement reliés. Au même étage se trouve la salle à manger, avec sa grande table entourée de sièges, ses belles commodes et quelques belles pièces de vaisselles, dont certaines aux armes de la famille de Castries, avec leur devise : "Fidel à son Roy et à l'Honneur". Egalement accrochés aux murs deux tableaux du Cardinal de Fleury, précepteur puis ministre de Louis XV, attribués à Hyacinthe Rigaud. Au rez-de-chaussée, la cuisine, placée en-dessous de la salle à manger, rutile de tous ses cuivres, tandis que dans une pièce attenante sont exposés quelques pièces de lingerie.
Dès lors le château de Castries et son parc ont été déclarés "site classé" en 1943 et "Monument Historique" depuis 1966. Et en 1985, il est devenu propriété de l'Académie Française, suite à la donation faite par le Duc de Castries, lui-même académicien reconnu en tant qu'historien remarquable. Lors de la cérémonie officielle établie autour de cette donation, une trentaine d'académiciens furent accueillis au château de Castries.
Actuellement, le château n'est plus utilisé qu'à des fins de manifestations culturelles très ponctuelles, mais une convention avec le Conseil Régional du Languedoc Roussillon permet une nouvelle utilisation château dont les visites ne sont plus autorisées.
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23/09/2008
LE CHATEAU DE CASTRIES : la Révolution en marche
Le deuxième marquis de Castries, également gouverneur de Montpellier, et par ailleurs lieutenant du roi en Languedoc et chevalier de Saint Esprit, devait épouser la fille du duc de Lévis. De leur union naquit en 1727 celui qui devait devenir le membre le plus illustre de cette famille : Charles-Eugène-Gabriel, futur maréchal de Castries, lequel se couvrit de gloire à Clostercamp (1760) mais surtout travailla en tant que ministre de la Marine (1780-1787), à redonner une flotte de guerre digne de ce nom à la France. Emigré en 1791, il termina sa carrière comme chef du cabinet du Comte de Provence (futur Louis XVIII). Quant à son fils, il se distingua en Virginie aux côtés de La Fayette, ce qui lui valut, en 1784, à son retour en France, d'être créé duc de Castries.
La Révolution Française allait naturellement laisser des traces dans la région. C'est ainsi qu'en 1792, le château fut mis sous séquestre, avant d'être pillé par des émeutiers et partagé entre 14 propriétaires différents. L'année suivante, les biens des Castries étaient mis aux enchères. Par la suite, il fallut donc attendre 1828 avant que le second duc de Castries (Edmond de La Coix de Castries) ne puisse racheter le château, le parc et la majeure partie du domaine et enfin débuter des travaux de restauration, malheureusement pas toujours très heureux. En 1848, il fit édifier la tour est et il modifia le corps central du château, en supprimant notamment les fenêtres à meneaux afin de pouvoir créer en entresol quelques chambres de bonnes.
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