20/10/2008
LE PRIEURE DE SAINT MICHEL DE GRANDMONT
Situé à une dizaine de kilomètres de Lodève, sur un plateau désert dominé par les falaises du Larzac, le prieuré Saint Michel de Grandmont est un de ces lieux privilégiés où la spiritualité s'y exprime à travers des monuments datant de la fin du Néolithique jusqu'au Moyen Age. Particulièrement épargné par le temps et les guerres de religion qui sévirent dans la région, le petit monastère appartint pourtant autrefois à l'un des ordres monastiques parmi les plus stricts du Moyen Age : l'Ordre de Grandmont en Limousin.
Un lien déjà chargé d'histoire
Ce n'est certainement pas par hasard que le lieu ayant servi à l'implantation du prieuré Saint-Michel de Grandmont a été choisi par les moines de cet ordre né au Moyen Age. Toutes les études archéologiques menées sur ce site semblent en effet démontrer qu'il a été habité depuis plusieurs milliers d'années. A l'appui de ces thèses, la présence sur le terrain, et dans les proches environs, de nombreux dolmens, en plus ou moins bon état de conservation, mais qui prouvent l'existence de l'homme depuis la période néolithique (fin de la Préhistoire).
Une étude de l'implantation de ces dolmens montre en effet qu'ils sont relativement alignés en bordure du Plateau du Larzac, puis en-dessous de ce plateau sur deux terrasses plutôt orientées vers le Sud. La présence de nombreuses sources dans cette région, comme sa position privilégiée en surplomb de plusieurs vallées en ont fait un lieu priviliégié pour l'homme.
Dans l'actuelle propriété privée incluant le prieuré de Saint-Michel de Grandmont, deux dolmens érigés et les traces d'un 3ème sont encore visibles. Situé à l'ouest du prieuré, le plus connu en même temps que le plus exceptionnel, avec son ouverture en porte de four, est sans conteste celui du Coste Rouge. A l'est du prieuré, le Dolmen du Belvédère, relevé depuis quelques années par les actuels propriétaires, se trouve à proximité d'un autre dolmen, malheureusement en ruine, mais qui permet, grâce aux fouilles effectuées récemment par le Groupe Archéologique Lodévois, d'en délimiter les contours. S'il est désormais acquis que les dolmens n'étaient autres que des sépultures collectives, pouvant en certains lieux contenir plusieurs dizaines de corps, plus énigmatiques et prêtant à toutes les hypothèses, même les plus saugrenues, sont les pierres taillées disséminées dans le parc du prieuré.
Habité depuis des milliers d'années, ce lieu n'a pourtant élaboré sa renommée qu'au Moyen Age, date à laquelle fut construit le prieuré Saint Michel de Grandmont.
08:50 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : culture, histoire, région, tourisme, sud
13/10/2008
LE CIRQUE DE NAVACELLES : la rivière Vis
Longue de 56 kms, la Vis est le principal affluent de l'Hérault. Elle prend sa source au pied du Mont-Aigual. Après avoir dévalé quelques belles pentes granitiques, elle pénètre dans le Causse et là, phénomène étrange, elle y disparaît soudain, du côté de Sauclières, pour ne ressurgir bruyamment que 13 kms plus loin, au moulin de la Foux, gonflée de l'apport de tout un réseau souterrain. Pendant cette disparition sa présence est encore virtuelle à travers ses méandres à sec qui ont d'ailleurs donné le nom de Vissec au village situé au fond de ces gorges, souvent survolées par les grands rapaces, dont les aigles royaux et surtout les vautours fauves, réintroduits dans la région. Les crues de la Vis, bien que plutôt rares, n'en sont pas moins effrayantes pour ses riverains. Plusieurs thalweghs, ordinairement secs, peuvent être parcourus par d'énormes torrents, ce qui fait dire aux villageois du cru : "Le Vissec est venu".
En revanche, plusieurs assèchements de la Vis ont été constatés au cours de ces derniers siècles : en avril 1779, la résurgence fut tarie pendant 8 jours. Le même phénomène se reproduisit en 1890 pendant 24 heures, en 1922, pendant 2 heures également, en 1927 pendant 8 heures et en 1961 pendant 6 heures. Ces phénomènes sont expliqués par des experts comme provenant d'éboulements intérieurs plus ou moins importants.
C'est donc par une magnifique cascade, souvent tonitruante, que la Vis refait son apparition, avant de poursuivre son chemin par de multiples méandres jusqu'au village de Navacelles, où là aussi, à hauteur de l'auberge du village, elle chute une nouvelle fois par une superbe cascade de 12 mètres de haut. Après quoi, la Vis reprend ses méandres jusqu'au hameau de Madières, abritant dans ses eaux une population préservée de truites sauvages. Enfin, c'est beaucoup plus calmement et d'une manière plus rectiligne qu'elle se dirigera vers Ganges. Autant dire que les eaux de la Vis ont intéressé les ingénieurs électriciens lesquels au début du XXème siècle en ont même tiré profit en créant une usine hydro-électrique à Madières, après avoir capté une partie des eaux de la résurgence dans des conduites forcées sur plus de 10 kms et en les faisant chuter dans les turbines d'une hauteur de 112 mètres.
08:48 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : culture, histoire, région, sud, tourisme
09/10/2008
LE CIRQUE DE NAVACELLES : des hommes et des pierres
Dans ce milieu aussi aride que celui du cirque de Navacelles, on peut se demander si l'homme a pu y trouver une place. Suivant le vieil adage : "Les pierres parlent à ceux qui savent les entendre", il semblerait que l'occupation de ces lieux remonte à l'Antiquité la plus reculée. En témoignent dans les gorges de la Vis, ces grottes ou "baumes" s'ouvrant dans les falaises. Les traces de ces premières demeures apparaissent en effet au sommet des pentes les plus abruptes. Ces abris sous roches et ces cavernes furent donc les premiers habitats pour ces hommes qui passèrent sucessivement de l'outil de pierre à l'art de la poterie. Entre Saint Maurice et la Baume Auriol, la "Balad de las trapas" (le ravin des trappes) permet encore de découvrir certains de ces abris sous roches ainsi que les sentiers préhistoriques.
Au fond du cirque, au hameau de Navacelles, de l'autre côté de la Vis, que l'on peut traverser sur un petit pont de pierre en dos d'âne, quelques traces d'habitat troglodyte demeurent apparentes, au-dessus des maisons plus récentes. Ligures, Celtes, Gaulois (Volques) puis plus tard les Romains ont laissé des traces de leur passage dans ces lieux.
Et il semble bien que l'origine du nom Navacelles remonte aux siècles ayant suivi cette domination romaine, avec l'introduction du christianisme. C'est à cette époque en effet que des moines s'installèrent dans la région, fondant des "cellae" (ou granges) autour desquelles vinrent s'établir quelques habitations. Par la suite, les cellae devaient plutôt désigner des ermitages. Navacelles viendrait donc du latin "Nova cella" ou nouvel ermitage.
Et puis certains n'hésitent pas à comparer ce canyon des causses à ceux du Colorado, pourquoi ne pas penser aussi à ceux qui en ont subi son attrait irrésistible pour le métal précieux à portée de mains dans les eaux limpides de la Vis : l'or.
Certes, il ne s'agissait certainement pas de paillettes d'or, recueillies sur des toisons de brebis, mais il est un fait que cette exploitation fut pratiquée un temps à Navacelles.
L'élevage et la culture des céréales, sur les terres reprises sur la forêt, expliquent pourtant mieux la présence de l'homme sur ces lieux. Celui-ci est même devenu l'artisan principal de l'évolution du paysage environnant. Ainsi, ce n'est certainement pas par hasard que le hameau de Navacelles a été implanté à proximité des seules terres cultivables du méandre. Au cours des derniers siècles, l'homme n'a pas craint sa peine, en poussant même la difficulté jusqu'à aller édifier, sur les côteaux environnants, des kilomètres de murets en pierre sèche. Sur ces terrasses, dont certaines sont encore apparentes, il y cultivait alors l'olivier, la vigne et d'autres cultures vivrières.
Actuellement le village ne compte plus que quelques habitants en plein hiver et un peu plus en saison estivale, en raison de plusieurs résidences secondaires.
08:29 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : culture, histoire, pays, sud, région, tourisme
06/10/2008
LE CIRQUE DE NAVACELLES
Entre départements de l'Hérault et du Gard, les gorges profondes et les falaises altières de la Vis séparent d'une manière naturelle le Grand Causse du Larzac du Causse de Blandas et offrent une vue sur plusieurs cirques grandioses, dont le plus réputé est le Cirque de Navacelles.
Entre 100 et 200 millions d'années, la région était recouverte par la mer. Peu à peu, des sédiments calcaires apportés par les fleuves et des débris d'animaux marins sont venus s'y accumuler en strates horizontales à raison d'un cm par période de 500 ans. Ces sédiments ont finalement créé un gigantesque mille feuilles pouvant atteindre jusqu'à 1 500 mètres d'épaisseur.
Au tertiaire la région est parcourue de rivières descendant des Cévennes et qui elles aussi forment de larges vallées garnies d'alluvions. La plaine de Saint Maurice de Navacelle est un de ces vestiges. Mais petit à petit, sous la poussée des Pyrénées, cette plaine, devenue le Causse actuel, va se soulever. et au milieu coule la rivière, en l'occurrence la Vis.
Celle-ci y serpente nonchalamment et commence alors à creuser les gorges dont les bords reculeront et s'effriteront peu à peu en éboulis, sous l'action alternante de périodes froides et tempérées.
Beaucoup plus près de nous, soit 4 000 ans avant J.C., on va alors assister à un phénomène extraordinaire qui fera toute l'originalité du Cirque de Navacelles. En effet, 300 mètres en contrebas, la Vis va abandonner son méandre et rejoindre son lit par une cascade, laissant en son milieu une colline pierreuse en forme de pyramide ou d'huitre, suivant l'imagination de celui qui la contemple, comme une île au coeur de l'océan pétrifié. Une île qui réapparaît parfois en tant que telle après des périodes particulièrement pluvieuses. C'est pourquoi cette ceinture de terres porte parfois le nom de "negadis".
Il y a environ 10 000 ans, le Causse était recouvert par une forêt de pins sylvestres et de genévriers. Puis sont venus les chênes rouvres, à feuilles pétiolées et les chênes pubescents, à l'écorce riche en tanins.
Ceux-ci, il y a environ 6 000 ans, devaient laisser la place à des lauriers, hêtres, tilleuls et noisetiers. Vint alors le temps où l'homme se mit à défricher le causse. Le thym et les asphodèles s'installèrent alors sur les landes, tandis que les buis supplantaient d'anciennes chênaies. Dans le même temps, au fond des gorges, peupliers, frênes et saules se déployaient, au bord de la rivière. Actuellement, dans la vallée, des chênes verts au feuillage persistant sombre et des oliviers cultivés indiquent l'influence dominante d'un climat doux et méditerranéen. En revanche, sur les causses du Larzac et de Blandas, le chêne blanc témoigne de conditions climatiques plus rudes.
08:01 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : histoire, région, sud, culture, nature
23/09/2008
LE CHATEAU DE CASTRIES : la Révolution en marche
Le deuxième marquis de Castries, également gouverneur de Montpellier, et par ailleurs lieutenant du roi en Languedoc et chevalier de Saint Esprit, devait épouser la fille du duc de Lévis. De leur union naquit en 1727 celui qui devait devenir le membre le plus illustre de cette famille : Charles-Eugène-Gabriel, futur maréchal de Castries, lequel se couvrit de gloire à Clostercamp (1760) mais surtout travailla en tant que ministre de la Marine (1780-1787), à redonner une flotte de guerre digne de ce nom à la France. Emigré en 1791, il termina sa carrière comme chef du cabinet du Comte de Provence (futur Louis XVIII). Quant à son fils, il se distingua en Virginie aux côtés de La Fayette, ce qui lui valut, en 1784, à son retour en France, d'être créé duc de Castries.
La Révolution Française allait naturellement laisser des traces dans la région. C'est ainsi qu'en 1792, le château fut mis sous séquestre, avant d'être pillé par des émeutiers et partagé entre 14 propriétaires différents. L'année suivante, les biens des Castries étaient mis aux enchères. Par la suite, il fallut donc attendre 1828 avant que le second duc de Castries (Edmond de La Coix de Castries) ne puisse racheter le château, le parc et la majeure partie du domaine et enfin débuter des travaux de restauration, malheureusement pas toujours très heureux. En 1848, il fit édifier la tour est et il modifia le corps central du château, en supprimant notamment les fenêtres à meneaux afin de pouvoir créer en entresol quelques chambres de bonnes.
14:55 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : histoire, culture, région, sud, tourisme
19/09/2008
LE CHATEAU DE CASTRIES : Le Grand Siècle
Si le château doit son implantation à Guillaume et Jacques de La Croix, c'est donc avec le premier marquis de Castries que s'installa en Languedoc la grâce "à la française".
Entre 1664 et 1666, lorsque l'architecte Jacques Bonnassier se vit confier la tâche de reconstruire le château de Castries, il va de soi que ses idées furent fortement influencées par ce qui se passait alors dans l'entourage du Roi Soleil, entre Paris et Versailles. Toute sa contruction témoigne pourtant d'un savoir-faire local que l'on retrouve en particulier dans les assemblages de charpenterie, le profil du chambranle des baies ou encore la parfaite découpe des pierres de construction (stéréotomie). A l'inverse, certains éléments décoratifs, ou l'ensemble même des volumes, sont fortement inspirés des modèles parisiens ou versaillais de l'époque.
L'une des plus importantes transformations requise par le premier marquis de Castries fut de créer, dans l'aile ouest du château, un grand et majestueux salon, dans le dessein d'y faire tenir les Etats du Languedoc. De cette époque date également l'escalier d'honneur de style Louis XIV conduisant à ce salon. Par contre, l'aile détruite lors de l'incendie de 1622 ne fut jamais reconstruite. Sa façade restante sert tout au plus de clôture entre la cour d'honneur et les jardins.
Le parc est naturellement l'autre élément essentiel de ce réaménagement du château. Pour ce faire, le marquis de Castries fit en effet appel au premier jardinier du roi : André Le Nôtre. Pour créer ce parc, ce dernier utilisa le terre-pein correspondant à l'aile brûlée et se servir même des pierres de cette aile pour y édifier une série de terrasses agrémentées de bassins, ménageant de belles vues sur la plaine Montpelliéraine, l'Etang de l'Or et la Méditerranée. Les terrasses, reliées par des rampes, descendent ainsi tout doucement vers le "Jardin à la Française", avec ses allées de grands arbres et sa magnifique ordonnance. Il va de soi que l'alimentation de ces bassins posait un certain problème. Pour le résoudre, René Gaspard de Castries fit alors appel à un jeune ingénieur qui venait de soumettre aux Etats du Languedoc le projet du canal à écluses devant relier l'Océan à la Méditerranée : Paul Riquet. Dans la région, il existait bien une source, celle de Fontgrand, mais éloignée de 7 kilomètres. Grâce au jeune ingénieur bitterois, c'est pourtant l'eau de cette source qui fut amenée jusqu'au château de Castries, grâce à un aqueduc de 6822 mètres, dont une partie bâtie sur arcades. Un travail énorme effectué en l'espace de 6 ans (de 1670 à 1676) grâce à l'aide précieuse de 3000 hommes de la troupe appartenant aux régiments placés sous les ordres du Marquis de Castries. Depuis lors, cette eau alimente toujurs les bassins et les jets d'eau et permet l'arrosage des peupliers et des platanes des allées maîtresses du Parc. Quand à l'aqueduc, il est classé Monument Historique depuis le 8 septembre 1949.
15:14 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : histoire, culture, régions, tourisme, sud, vacances
16/09/2008
LE CHATEAU DE CASTRIES : du castrum antique au château actuel
A 13 kms au Nord-Est de Montpellier, sur la route d'Alès via Sommières, le village de CASTRIES, bâti en amphithéâtre sur la pente d'une colline, est dominé par son château et son église.
Presqu'aucun doute ne subsiste sur l'origine toponymique du bourg de Castries. En latin, le "castrum" désignait en effet un camp romain. Il est donc logique de penser que Castries fut à l'origine un point de surveillance fortifié, en surplomb de la Via Domitia allant de Nimes à Narbonne.
L'histoire de l'actuel château de Castries ne démarre vraiment qu'en 1565, date à laquelle le Baron Jacques de La Croix de Castries (prononcer Castres), gouverneur de Sommières et d'Aigues-Mortes, fit raser un ancien château gothique dont il ne reste rien, si ce n'est quelques salles voûtées, transformées en citernes, et qui se trouvent sous l'actuelle cour d'honneur. La Baronnie de Castries avait été rachetée au Seigneur Pierre de Ganges en 1495 par Guillaume de La Croix, quatorzième ascendant direct des propriétaires actuels du château. Pour la petite histoire, ce Guillaume de La Croix, gouverneur de Montpellier, n'était autre que le petit-neveu de Saint Roch, guérisseur des pestiférés.
A partir de 1565, on vit donc s'édifier sur ce lieu une imposante demeure qui, selon certaines archives, ressemblait à un grand parallélépipède flanqué de quatre tours et auquel on accédait par une cour d'honneur qui surplombait toute la campagne environnante. De cette bâtisse du XVIème siècle, il subsiste encore aujourd'hui l'aile occidentale, sur le côté gauche de la cour d'honneur, munie d'un grand appareil facilement identifiable, les chambranles des croisées et enfin le volume général du gros pavillon d'angle carré.
En 1622, soit moins d'un demi-siècle après l'achèvement du château, cette demeure fut en partie incendiée par le duc de Rohan, chef des protestants, lors de la retraite vers Montpellier que lui fit subir Louix XIII. En témoignent encore sur l'aile est quelques pierres noircies par le feu. Le comte Jean de Castries était alors propriétaire du château. Celui-ci, quelques années plus tard, devait être rayé de la liste des barons du Languedoc pour avoir été mêlé à la révolte fomentée par Montmorency, gouverneur du Languedoc, contre ce même Louis XIII.
Fort heureusement pour lui, la conduite de son petit fils, René Gaspard de Castries pendant la Guerre de Trente Ans, lui fit rouvrir l'entrée aux Etats. Si bien qu'en 1642, la Baronnie de Castries fut érigée en marquisat. Ce fut même le premier marquisat du Royaume de France sous Louis XIV.
11:13 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : culture, histoire, château, tourisme, sud
08/09/2008
LE MUSEE DU SCRIBE à Saint Christol lez Alès
De tout temps, l'homme a cherché à communiquer avec ses semblables. Après la parole, l'écrit a pris une place de plus en plus importante à travers les siècles. Mais à l'heure où de nouveaux moyens de communication ont pris place, il était important de se remémorer le chemin qui a permis à l'homme d'en arriver là. C'est ce qu'a voulu montrer Jean Louis Bonnefille à travers son musée.
En 1990 c'est dans le vieux village de Saint Christol lez Alès, à côté de l'église, que Jean Louis Bonnefille, enseignant au Lycée technique de Bagnols sur Cèze, décidait de dévoiler au public sa collection d'objets ayant trait à l'écriture. C'est dans sa propre maison datant du XVII ème siècle qu'il présenta dans un surface de 80 m2 ses premières pièces de collection : essentiellement des plumes, portes-plumes et encriers.
Devant le succès rencontré, il estima qu'il convenait alors d'ouvrir encore davantage sa maison au public. Et de 80 m2, son musée passa à la superficie de près de 400 m2.
Pour l'ensemble de ces travaux d'agrandissement, le conservateur du Musée du Scribe et son association "D'avant-hier à hier" ne reçurent d'aide que par les Fonds Européens, en particulier pour permettre l'accès du Musée aux handicapés grâce à une chaise élévatrice le long de l'escalier menant au 1er étage, et pour certaines mesures de sécurité imputables à tout lieu public.
Qui dit écriture dit tout naturellement support d'écriture. C'est donc par là que débute la visite de ce Musée : tablettes d'argile destinées à supporter un texte écrit avec une pointe ou un poinçon. C'est ainsi que les tablettes des Sumériens et des Assyro-Babyloniens étaient gravées avant cuisson et portaient une écriture cunéiforme alors que celles des Romains, généralement en bois revêtu de cire portaient une écriture cursive. On découvre aussi les secrets de la fabrication d'un autre ancêtre du papier : le papyrus qui tire son nom de la plante, plutôt une grande herbe à tige triangulaire des bords du Nil qui peut atteindre plus de 2 m de hauteur et dont on utilisait la fibre textile. C'est sur de tels documents, découverts au 19 ème et au 20 ème siècle, que nous ont été révélées des oeuvres aussi importantes que la "Constitution d'Athènes" d'Aristote ou les comédies de Ménandre.
Parmi les types de parchemins les plus connus, on citera le vélin, obtenu à partir d'une peau de veau mort-né.
Le papier à partir de chiffons succéda au parchemin, entre les années 1600 et 1900, avant d'en arriver au papier à base de bois, le plus utilisé de nos jours. Le Musée retrace donc cette époque à travers des planches explicatives agrémentées de papiers issus de ces différentes matières premières. Des papiers qui sont, pour les premiers, encore fabriqués de manière artisanale au Moulin de la Fontaine de Vaucluse ou au Moulin de Brousses et Villaret.
L'étape suivante est constituée par la présentation des parchemins utilisés du 7ème au 17 ème siècles et qui sont obtenus à partir de peaux d'animaux spécialement préparées par un mégissier en vue de leurs utilisations à venir. Car si l'écriture est celle qui nous vient le plus facilement à l'esprit, le parchemin est aussi et encore utilisé sur les vrais tambours.
Au plus fin de sa finition, le parchemin fut utilisé au Moyen Age comme vitrage, d'où son nom de parchemin-vitrail. Pour l'écriture c'est la partie intérieure de la peau dont on se servait pour écrire.
Le papier peut aussi être obtenu à partir de nombreux végétaux à l'état brut : paille de riz, feuilles de bambou, paille de seigle ou assimilés : à base de crottin d'éléphant.
Avant les plumes, les encriers.
Cet objet, nos écoliers d'aujourd'hui en ont-ils encore connaissance ?
Si les pupitres existent toujours, il y a belle lurette que l'emplacement prévu pour recevoir le petit encrier en porcelaine blanche a disparu. Dommage pour eux qui ne connaîtront donc jamais cette sorte d'ivresse collective olfactive à chaque rentrée scolaire, lorsque l'un des leurs se voyait attribuer la tâche délicate de remplir lesdits encriers.
Au Musée du Scribe, plusieurs douzaines d'encriers sont exposés dans une salle prévue à cet effet, classés suivant leur matière. Les plus vieux datent de 1610. Parmi eux, quelques très belles pièces en faïence de Marseille, un encrier doublé d'un poudrier en porcelaine de Berlin et datant de 1750. Certains films tel "Au nom de la rose" nous montrent de quelle manière était utilisée la poudre.
Dans une autre vitrine se trouvent des encriers en régule (alliage à base d'étain, de zinc et de plomb) comportant le plus souvent des figures allégoriques : chevaux, oiseaux de proie, etc... Quant aux plus récents, ils sont en bronze, le réservoir à encre étant le plus souvent en cristal.
On peut aussi admirer des encriers de voyage ainsi qu'une très belle malette d'écrivain public. Un métier qui redevient à la mode, l'illétrisme étant loin d'être résorbé dans notre pays.
Du calame à la plume d'acier.
Impressionnante collection encore que celle consacrée aux instruments d'écriture qui vont des calames (tiges de roseau de bambou ou de cannelle taillées en biseau) jusqu'à la plume d'acier en passant par les plumes d'oie si romantiques, les plumes pyramidales en bronze et la plume en verre torsadé.
Des plumes, Jean Louis Bonnefille en possède entre 5 300 et 5 400. Toutes ces plumes, quelles soient à gorge, à collerette, à canon épaulé, échancrées, droites, obliques, inversées, à plusieurs pointes, à forme figurative ou atypiques comportent des caractères déterminants qui permettent de les répartir en grandes catégories.
Le porte plume a bien sûr sa place dans ce Musée : du porte-plume scolaire le plus banal en bois au plus luxueux au manche en ivoire ou autre matériau noble.
On trouvera aussi une belle collection de bouteilles d'encre ainsi que des poudres à encre. Au début du 20 ème siècle, les instituteurs fabriquaient en effet eux-mêmes l'encre destinée à leurs élèves à partir de pastilles. Le buvard naquit sous forme de feuilles au format des cahiers. On notera que les publicitaires de l'époque savaient faire passer leurs messages sur ce merveilleux support. Une version plus élaborée de ces buvards a donné naissance à de réels petits chefs-d'oeuvres. Il s'agit des tampons buvards qui vont généralement de paire avec les garnitures de bureau.
Avant de quitter le musée, le visiteur jettera un oeil sur la salle de classe des années 1920 reconstituée, grandeur nature, avec ses bureaux à deux places, voire même à 6 places avec banc, avec ou sans pupitre.
Le tableau noir avec craie et chiffon effaceur, cartes murales de géographie ou d'Histoire Naturelle, vitrine de "leçons de choses", poids et mesures, pipettes, globe terrestre, boulier, bibliothèque remplie de livres fanés d'autrefois garnissent cette salle de classe. Rien ne manque, pas même les blouses grises et les bérets des écoliers pendus aux patères et au fond de la classe le poêle Godin.
10:53 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : histoire, culture, région, tourisme, sud
28/08/2008
LES FIGURES DE PIERRE DE MOUREZE
Gorgones, totems, dents cariées, têtes pensives ou grotesques : le Cirque de MOUREZE retint l'attention de Marcel de SERRE qui le visita en 1855 et fit à ce sujet une communication à l'Académie des Sciences, précisant que si ce type de site n'était pas rarissime, il était là remarquable. Le Baron TAYLOR, en 1837, en a décrit les lieux ainsi : "Le clair de lune qui prête une existence si vague et si mélancolique aux ruines des monuments des hommes, crée au milieu de ces rochers les images les plus étranges : ce sont quelquefois des fantômes humains errant parmi les édifices inconnus mais toujours grandioses, d'autres fois, des monstres qui ne peuvent habiter qu'un monde livré aux gnomes ..."
Dans MOUREZE, il y a "moure" = visage, profil, gueule, museau, trogne, bobine, bougie mais aussi : le rocher, le promontoire, le morne, le pic biscornu.
Il y a quelques dizaines de millions d'années, notre vieille terre avait déjà commencé à faire le cirque. Un cirque à grand spectacle !
Quelques titanesques plaques de son écorce s'emboutissaient comme des auto-tamponneuses, se chevauchaient, se culbutaient ...
Dans un processus complexe fait de glissements, de rotations, d'arasements, de failles, d'effondrements, le vaste Causse initial qui, dit-on, se prolongeait jusqu'aux Baléares, perdit son intégrité.
La montagne du Liausson, matrice de la dépression de MOUREZE, en fut affectée avant que d'autres types de modifications ne viennent à leur tour apporter leurs touches plus artistiques, plus douces.
Dans l'aspect actuel des figures tour à tour curieuses, grotesques, élégantes, suggestives, plusieurs facteurs sont à prendre en considération. La dolomie, tout d'abord, avec sa formule chimique qui définit un carbonate naturel doublé de chaux et de magnésie. Cette roche se présente en masses amorphes d'un étage géologique où s'allie la calcite.
L'irrégularité tient au type même d'érosion peu uniforme, concentrée en certains secteurs de calcaire et amplifiée ou freinée par les variations climatiques au cours des ères.
Outre, MOUREZE et quelques coins du Larzac, deux exemples s'imposent sur les cartes dans les environs immédiats : Nimes-le-Vieux, en LOZERE et Montpellier-le-Vieux au nord-ouest de MILLAU.
Sur une superficie de plus de 300 hectares, se déploient les avatars de la roche, avec des masses et des hauteurs de dolomies fort importantes.
Une partie du cirque de MOUREZE "Les courtinals", a été aménagée en circuit payant par des itinéraires parfois inconfortables.
La liste des sculptures paraît interminable. Elle tient du bestiaire, ou d'une annexe du Grand Albert (Le Diable, la sorcière, le scorpion) ou de la sacristie (le bénitier, la mitre, la religieuse).
La plupart des baptèmes eurent pour instigateur et parrain Gaston COMBARNOUS, un Mouzérien passionné qui fut maire de sa commune et se consacra à l'étude du Cirque dolomitique jusqu'à sa mort en 1987.
Il publia quelques ouvrages visant à démontrer que le site était habité au Néolithique moyen (vers 4 000 ans avant J.C.) et jusqu'à l'époque gallo-romaine. Un petit musée regroupe d'ailleurs les pièces archéologiques découvertes sur place à plusieurs endroits.
A VOIR : la tortue, monstre de pierre et merveille de l'équilibre à quelques kilomètres sur la route de SALASC,
Au nord, le Château de la Marguerite
Les ruines de l'ermitage Saint Jean
Les grottes de Baumenègre.
16:20 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (22) | Tags : culture, histoire, région, sud, vacances
04/08/2008
UNE PIERRE AU COEUR TENDRE : la pierre de CASTRIES
C'est sur une aire étendue de SUSSARGUES à ST GENIES DES MOURGUES en passant par BEAULIEU que l'on trouve les zones d'extraction de cette pierre de CASTRIES, mélées à la végétation, au travers de l'enchevêtrement des pins et des chênes-Kermès. En fait il s'agit du même gisement poussant ses extensions des collines de PIGNAN jusqu'aux alentours de JUNAS.
Depuis des siècles, les hommes exploitent ce filon rocheux. Le site d'Ambrussum (sommet de rempart), laisse supposer que le calcaire coquillier était employé en blocs de grand appareil trois siècles avant notre ère. Ces carrières ont d'ailleurs été largement sollicitées plus tard dans l'aménagement des maisons (pierres de seuil) et des habitations à colonnes. Exploitation facilitée sans doute par la proximité de la Voie Domitienne. Mais globalement ce sont les années d'après-guerre qui changent fondamentalement la situations des carriers. La notion d'exploitation a alors pris le pas sur les temps où, dans nos villages, tout le monde était un peu carrier, soit avec le charroi et les chevaux, soit en venant extraire la pierre. Pour se procurer un revenu hivernal d'appoint, au moment où la végétation s'arrêtait, chacun, de manière indépendante, travaillait sur des chantiers dispersés dans la garrigue. Un maître carrier ou un entrepreneur de MONTPELLIER passait prendre 5 pierres chez l'un, 10 pierres chez l'autre.
22:11 Publié dans histoire de ma région du sud | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : culture, histoire, région, sud