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21/08/2008

VILLENEUVETTE (la manufacture royale)

allée villeneuvette.jpgVILLENEUVETTE, manufacture créée en 1640 par l'un des plus puissants drapiers de la ville, Pierre Baille, recouvre l'industrie textile. Très vite Colbert soutient politiquement et financièrement l'établissement moyennant une production particulière : les "londrins seconds". On connait bien le contexte d'alors ; il faut concurrencer sur ce plan la Hollande et l'Angleterre. Vers 1680, 700 ouvriers travaillent aux métiers, aux foulons, à la teinturerie ou aux magasins. Mais c'est toute la région qui est impliquée dans l'affaire. Quatre villes de l'Hérault (St Chinian et le triptyque Bédarieux, Lodève, Clermont l'Hérault) ont un type exclusif de londrin du Levant. Après la faillite en 1675, Villeneuvette sera reprise plusieurs fois.

Après la période noire et dépressionnaire de la Révolution, le travail à domicile disparaît et les machines, mues d'abord par les cours d'eau, apportent le progrès, malgré les aléas de la saison estivale. Mais le changement réside aussi dans les produits : on ne tisse plus les étoffes de prestige qui partaient à Marseille sur les bateaux de la Compagnie des Indes, seulement le drap tout simple qui habillera les soldats. Ce sera là l'ultime faste.

grande vue place villeneuvette.jpgAu milieu du XIXème siècle, Villeneuvette qui appartient aux Maistre compte plus de 350 ouvriers. Mais à Clermont même les entreprises bourgeoises vont s'éteindre. D'une bonne douzaine, il n'en restera qu'une en 1895, le drap disparaît du pays... Villeneuvette résiste encore et c'est la vigne qui gagne.

Le travail des tisserands au XIXème siècle :

Le premier de la lignée des Maistre, Casimir, instaura dans son entreprise une manière de vivre en communauté assez éloignée de notre législation sur le travail.

Le coucher et le lever devaient se faire très tôt pour permettre de mieux avoir l'esprit au travail, mais chacun des ouvriers résidents avait, outre l'emploi, le logement, un cadre de vie décent et un petit coin de jardin. On bénéficiait aussi des soins médicaux et autres services, et les enfants recevaient une éducation gratuite jusqu'à l'âge de 12 ans. En revanche, on était quasiment cloîtré dès la tombée de la nuit, avec la fermeture du portail.

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15/08/2008

LE SALAGOU

SALAGOU.jpgLa conque du Salagou, modeste ruisseau de 10ème ou 12ème catégorie hydrographique, avait certes de merveilleux autours, proches de la pourpre impériale, avant l'heure où l'homme moderne décida de la métamorphoser en plan d'eau. Si les prosaïques projets des concepteurs n'atteignirent pas tous leur but, le site y trouva tout de même une apothéose et une gloire touristique rapide. Les amoureux de la nature, les poètes, les peintres et les photographes y puisent le ravissement et l'inspiration. Et, tout artificiel qu'il soit, c'est vrai qu'il est beau ...

Cette roche aux teintes de sang coagulé et de vin hors d'âge n'a pas moins de 250 millions d'années : l'ère primaire ! Le barrage, lui, est en place depuis 1968 seulement. Entre temps, quelques dinosaures ont laissé les traces de leur passage, pas très loin de là..

Le Conseil Général Héraultais vota la construction du barrage du Salagou en 1959. La mise en eau est cause de déchirements et d'immersions de villages et de hameaux. L'entêtement d'un berger plus une décision de dernière minute firent que la côte prévue à 145 fut ramenée à 139. Le hameau de Celles était sauvé et devenait presqu'île. Depuis, les noires pierres basaltiques de ses maisons ont connu d'autres alertes, les caméras du cinéma et d'innombrables reproductions photographiques.

Salagou Lac.jpgL'actuel visiteur du Salagou ne pense sans doute pas à ce que représente de chamboulements la création d'un barrage et d'une retenue d'eau. Un village perdu dans l'aridité de la garrigue se retrouve entouré de campings et de pêcheurs. Le berger voit ses pâtures disparaître et la cave du viticulteur n'a plus aucune utilité. Là où il fallait cinq petites minutes pour rejoindre un point, il faut faire un long détour. Et l'indication du vieux panneau Michelin tombe à l'eau. C'est le cas de le dire.

S'il est une terre où le passé ressurgit à tout instant sous les pas, c'est bien celle aux abords du Lac du Salagou. Cabrières est l'un des rares lieux de la planète où l'on trouve des trilobites, curieux invertébrés fossilisés qui furent les premiers habitants de notre vieille sphère, voilà 600 millions d'années. A deux pas de là, ce sont les dinosaures et autres monstrueux reptibles qui en plusieurs endroits ont laissé leurs empreintes sur le roc, à La lieude ou plus haut, du côté de Lodève au Grézac. Quelques spéciments finirent même dans les collections de Georges SAND.

Unsclas-du-Bosc, relais templier sur l'itinéraire de St Jacques de Compostelle et son cimetière, révèla d'autres curiosités : une collection de stèles discoïdales en 1955 qui se trouvent actuellement au Musée Fleury à LODEVE.

14/08/2008

LA CHAPELLE AU BORD DU LAC (du Salagou)

chapelle notre dame des clans.jpgPerdue au milieu d'une campagne peu fréquentée avant la mise en eau du Salagou, Notre-Dame-Des-Clans aurait pu connaître la désaffection et l'oubli comme tant d'autres petits édifices. Le lac et le tourisme lui ont beaucoup apporté à commencer par sa remise en état. Ce lieu de culte était déjà mentionné au XIIème siècle mais son étymologie demeure absconse. Ce que l'on sait par contre de son passé est émouvant et rustique : des fermes et hameaux dispersés, on y venait en pèlerinage, le jour de l'Assomption. C'était une occasion de retrouvailles qui ne négligeaient pas les jeunes gens en âge de fiançailles. Ainsi, peu à peu, la Vierge des Clans eut la réputation de favoriser les amoureux. Ne dit-on pas encore aujourd'hui que...

Car le pèlerinage du 15 août a toujours lieu ... Mais si vous aller la visiter en solitaire, avancez doucement pour ne pas effaroucher la petite famille de chats qui vit là.

08/08/2008

ALLEGRE-LES-FUMADES

IMAGE LES FUMADES.jpgLe territoire d'Allègre-les-Fumades, situé entre les Cévennes Alésiennes et le massif du Bouquet, est un lieu privilégié où les rivières font naître des miracles de verdure au milieu des chênes rouvres. Au lieu-dit les Fumades, une antique source abreuve toujours la seule station hydrominérale du Gard qui avait la faveur des empereurs d'autrefois. La petite station des Fumades s'est blottie au pied de la colline de la Costo Caudo (coteau chaud). L'oasis de son cadre enchanteur bien qu'un peu fané par les aléas de l'histoire contraste avec les versants calcaires du massif du Bouquet qui offrent à la vue un panorama grandiose. Quelques pas de promenade permettent de découvrir la station et les derniers témoins du faste de la Belle Epoque. La buvette de la Fon Pudente, rebaptisée plus noblement au 19 ème siècle, source romaine, célèbre les eaux fondatrices où les païens vénéraient les nymphes en remerciements de leurs guérisons. Plus loin les 3 naïades de la fontaine, mais surtout l'arc de triomphe "romain" (construit en 1907), font encore référence à l'Antiquité : sur le fronton de cette porte monumentale, l'inscription "voyageur, arrête-toi et bois" introduisait le beau monde venu prendre les eaux. Bien que les nouveaux Thermes ne préconisent plus les eaux des Fumades en boisson, celle-ci sont remarquablement efficaces en ablution de toutes sortes pour soigner les voies respiratoires et les maladies cutanées. Grâce à leur teneur exceptionnelle en souffre et en bicarbonate, les sources minérales des Fumades sont comptées parmi les meilleures d'Europe et elles attiraient au début du 20 ème siècle la grande bourgeoisie étrangère. Car l'exploitation de la station fut achetée en 1907 par une société anglaise. Avec ses hôtels de luxe, son théatre, son casino, son journal, son parc, son orchestre, ses établissements de soins, ses pavillons rococos et ses eaux en bouteilles, Les Fumades-Les-Bains est à son apogée. Pas pour très longtemps hélas car la première guerre mondiale sonne le glas : destruction et pillages vont être de mise tout au long du 20ème siècle.

THERMES.jpgDans un parc, de grands palmiers côtoient des ifs centenaires. Une fontaine de rocaille toute moussue, trône au milieu des pommiers du Japon, des cèdres et des saules pleureurs, des allées sont bordées de buis. Un ruisseau nonchalant serpente entre des rives creusées dans l'argile tendre. Quelques bergeronnettes sautillent sous le vieux pont. Un sentier de pêcheurs accompagne les eaux vertes jusqu'au confluent de l'Auzonnet au-delà duquel le ruisseau rejoint les eaux aurifères de la Cèze, en aval du village de Rivière. Un petit canal, semblable à un torrent, se faufile entre les champs de colza et les jardins potagers bordés de vieux mûriers. Aux abords du village d'Arlinde, un moulin couvert de lierre est abandonné depuis longtemps mais le lavoir, récemment restauré, est prêt à accueillir des lavandières. Non loin de la vieille église, l'herbe grasse des prairies fait le régal de quelques chèvres blanches. Ces bêtes semblent ignorer que sous leurs sabots se trouvent des vestiges d'une villa gallo-romaine. Car les Romains avaient choisi cet endroit en raison de la belle résurgence vauclusienne qui surgit, en bouillonnant, dans une vasque couverte de cresson.

La station thermale des Fumades-les-Bains prend un nouvel essor en 1995 en se dotant d'un nouvel établissement thermal adapté aux normes modernes des traitements dermatologiques et des voies respiratoires. Il ne subsiste plus grand chose du lustre de la Belle Epoque (le grand hôtel a été détruit) mais la villa dite du Kronprinz attend toujours sur la colline que le prince héritier d'Allemagne vienne enfin soigner sa sinusite aux Fumades.

30/07/2008

SIEGES ET COMBATS (SOMMIERES)

Ce sont surtout les guerres de religion qui ont mis à mal l'édifice. Aux mains des Huguenots depuis 1562, il est assiégé par les troupes royales du Maréchal Damville en 1573. L'un des 2 donjons sera détruit et de la ville il ne restera qu'une trentaine de maisons. En 1685, l'Edit de Nantes est révoqué. L'intendant de Basville mène une lutte contre les protestants. Sommières baisse pavillon devant les Compagnies de Dragons le 29 septembre. Le Château Sommiérois servira de prison pour les légionnaires. En 1703, le chef camisard Cavalier qui descend vers Nimes et St Gilles attaque Sommières et massacre le voisinage. La dernière bataille de Sommières aura lieu presque 2 siècles de demi plus tard, à la Libération, sur le pont tenu par les maquisards.

Mlagré ces épisodes brutaux, la ville a gardé au cours du temps une relative prospérité. La Serge et le Cadix eurent un temps leur place auprès des autres activités et une qualité de drap porta jadis le nom de "Sommières".

Les excédents de vin vers 1660, le phylloxera ont ponctué parfois son histoire.

Vers 1850, la distillation des essences aromatiques fit connaître Sommières dans les grandes villes européennes. La terre de Sommières, la sépiolite, connue depuis le Moyen Age, a vu son terme il y a peu de temps. Elle était en réalité extraite de la mine de Salinelles et servit à dégraisser les laines avant de connaître un usage domestique. 

château de sommières.jpg

28/07/2008

CROISSANCE DE SOMMIERES

Sur la route dite de Vieille Toulouse se greffait le passage vers les Cévennes conférant une importance supplémentaire aux lieux.

Ce sont les carrières de pierre qui apportèrent initialement une activité et une économie au pays :

pour la construction des piles et quelques autres ouvrages lancés sur le Vidourle et pour l'édification des Arènes de NIMES.

chateau sommières.jpgVers 923, le pays est sous la domination des Comtes de Toulouse. L'un d'eux, Pons 1er, deviendra d'ailleurs le Saint Patron de la cité. Puis le fief passe aux mains des seigneurs d'Anduze et de Sauve, et le Château est sans doute alors construit, en tout cas attesté en 1041. Les marchés et foires de Sommières sont déjà réputés et les seigneurs battent monnaie au début du 11è siècle. Sommières est aussi réputée pour ses cuirs et ses draps de laine. La garrigue donne ses parcours aux moutons et jusqu'à l'écorce de ses chênes verts pour tanner le cuir. Le bourg approche les 5 000 âmes à la fin du 13è siècle et on y dénombre 2 monastères bénédictains, 1 couvent de cordeliers et 1 hôpital.

Pierre Bermond VII, seigneur d'Anduze et autres lieux, sera ex-communié et dépossédé de ses fiefs pour s'être allié au Comte de Toulouse contre la royauté. Saint Louis conduira d'habiles transactions qui aboutiront à l'annexion de la ville à la Couronne, à la rénovation du Château et à l'acquisition de terres sur lesquelles seront élevés les remparts d'Aigues Mortes. Sommières est alors 1 Consulat. Elle est ceinte de remparts dont le plus marquant vestige est la tour de l'horloge et ses rues étroites sont tracées "au carré. Mais la prospérité marchande et le calme de la cité provinciale seront troublés à maintes reprises : grimper jusqu'aux ruines du Château de Sommières apporte bien des renseignements sur ce que furent les assauts qu'il eut à subir : 1418, 1421, 1573, 1622 puis en 1936 il fut en partie rasé pour la contruction d'un château d'eau. Aujourd'hui, une grille en défend l'entrée et les chutes de pierres sont à redouter.

 

 

27/07/2008

SOMMIERES, ville médiévale et méridionale

C'est au 9ème siècle que la cité naquit.

Vidourle, soleil, garrigues, vignes, oliviers, pétanque, pastis et taureaux en font une véritable méridionale.

Le pont lancé sur le Vidourle sous le règne de Tibère témoigne d'une étape fondamentale pour Sommières, celle de l'occupation romaine. Cet élégant monument n'a certes plus sa majesté première ni ses 190 mètres initiaux depuis que le bourg médiéval a grignoté 6 de ses 17 arches. Elles servent aujourd'hui de cave, tandis que, restauré au 18 ème et 19 ème siècle, l'ensemble visible forme l'un des ouvrages d'art antiques les mieux conservés en France. (à suivre)

Sommières le pont.jpg

20/07/2008

LA CHARTREUSE DE VALBONNE

Valbonne.jpgLe fondateur de l'ordre des Chartreux, Saint Bruno, souhaitait que les moines puisent aux sources de la solitude les forces de prière, d'étude et de méditation. En février 1204, l'ordre obtient de Guillaume de Vénéjan, évêque d'Uzès la vallée qu'ils assainissent, rendent cultivable et qui prendra ainsi le nom de Valbonne (Vallis Bona : la vallée fertile). Un lieu parfaitement représentatif de la règle et dont l'existence va être liée à l'aménagement de l'espace. Les moines chantaient trois fois par jour et leurs voix, à ces seules occasions réunies et tolérées, s'élèvaient nues, supportées par une architecture conçue pour prolonger le moindre souffle. Sous l'égide de Saint Bruno et Saint Jean Baptiste, avec ses treilles cernant les portes voûtées, d'allure provençale, la cour d'honneur est bordée des anciennes cellules des frères, des chambres récentes du secteur de l'hôtellerie et des appartements de l'évêque. L'endroit semblé voué aux soirs d'été, à l'éclosion des voix chaudes, aux langueurs du flamenco, aux rythmes les plus entraînants. Des pilastres soulignent dans une façade à deux étages l'entrée de l'église. En retrait, à l'intérieur, vous pénétrez dans la chapelle des étrangers, les pélerins voyageurs pérégrinant par ces lieux. Le coeur de l'église conventuelle à pans coupés est recouvert de marbre et la voûte qui le recouvre est un pur chef-d'oeuvre d'assemblage. Les stalles des pères chartreux autorisent une halte avant de rejoindre les cloîtres et le réfectoire des pères. Par l'ancien chapitre transformé en passage et dans son prolongement la voûte en coupole aplatie y est admirable. Dans l'escalier à double volée qui mène aux cloîtres s'enroulent dans l'aigu les volutes d'une viole de gambe. Quelques mesures encore pour arriver au silence du grand cloître à sa longue galerie éclairée de grandes baies.

Malgré les vicissitudes de l'histoire, le temps ne semble pas avoir de prise sur la Chartreuse peut être parce qu'elles qu'en soient les activités elle se veut toujours un lieu d'accueil et d'écoute, un partage d'expérience. En 1901 les derniers ermites s'en sont allés. La Chartreuse s'est alors ouverte au monde par la grâce d'un homme, Philadelphe DELORD, un pasteur à l'existence toute empreinte de dévouement et de compassion. Valbonne devient alors pour un temps un centre de traitement de la lèpre puis l'Association de Secours aux victimes des maladies tropicales développe un lieu remarquable de soins. Dans les années 60, les malades quittent Valbonne et l'association se réoriente alors vers le secteur psychiatrique. Depuis, 1975 ateliers professionnels, d'apprentissage et de loisirs se donnent pour but l'intégration socioprofessionnelle de la personne. Actuellement, l'association gestionnaire des lieux peut se targuer d'avoir réussi à tisser un nombre impressionnant de liens entre insertion, tourisme et culture. La capacité hôtelière de treize chambres va s'augmenter de nouvelles réfections des cellules des frères ainsi que des appartements de l'évêque en chambres plus cossues. Des salles de travail vont voir le jour. Elles abriterons les artistes en résidence ou les séminaires de travail.

16/07/2008

LA GROTTE DES DEMOISELLES

grottes demoiselle.jpgDepuis son ouverture au public en 1931, la Grotte des Demoiselles a vu défiler un nombre incalculable de visiteurs.

Au-dessus de Saint Bauzille-de-Putois la jolie route monte en lacets au flanc de la montagne de Thaurac. C'est là qu'il y a bien longtemps les petits pâtres de Montoulieu ou de Ferrières se racontaient des histoires de moutons disparus dans les profondeurs de la terre, emportés par des fées sans doute très belles mais pas très avenantes. Certains disaient les avoir vu danser par les nuits sans lune sur les espaces parsemés d'avens, de grottes et autres cavités assez peu engageantes.

Aujourd'hui il n'est plus de maléfices, plus de mystère, plus d'appréhension. Tout vous engage à la découverte des réseaux souterrains qui effrayaient tant les bergers.

Un nouveau pavillon d'accueil, sachant allier le contemporain et le classique, s'inscrit dans l'imposante falaise où jadis fut creusé le tunnel d'accès. Colonnes, arcades, portiques et dallages se veulent être la transition entre les terrasses où plus de 160 espèces de la flore méditerranéenne sont représentées et l'entrée du monde des profondeurs.

 

Il y a en effet à cet endroit précis le parfait trait d'union entre le Sud solaire et brûlant et la richesse du sous-sol du Languedoc-Roussillon, région qui offre le plus important réseau souterrain aménagé de France. Le panorama qui s'ouvre sur la garrigue, le nord montpelliérain et dévoile la vallée de l'Hérault, vous fera sans doute retarder encore le moment de franchir la frontière de l'ombre. Il faut suivre le guide.

Pour rejoindre en toute sécurité et sans effort les lieux explorés en 1889 par E. A. Martel mais dont une visite est déjà rapportée au XVIIIè siècle, on a percé un boyau d'accès, installé un funiculaire, cimenté des couloirs, aménagé des balcons et des passerelles. C'est ainsi que le "Pas du Diable" n'a rien d'infernal ni de périlleux.

On n'a qu'à contempler les grandes orgues, les colossales colonnes, les stalactites qui, à plus de cinquante mètres au-dessus des têtes, décorent la voûte. Les fées ne vont-elles pas revenir ?

vierge grotte demoiselles.jpgAu cours de la visite qui se déroule sur environ un kilomètre, on découvre la "salle à manger" qui rappelle le point de halte des explorateurs, on passe sous l'aven qui est l'entrée naturelle de la grotte et on aboutit dans la grande salle baptisée "cathédrale des abîmes". Elle a en effet tout d'une magnifique nef avec ses cinquante deux mètres de haut et près de cent vingt de long sur quatre-vingt de large. Et c'est en son centre que s'élève sur un piédestral une incroyable stalagmite drapée de calcite. Elle a pris la forme d'une statue de la vierge portant l'Enfant Jésus, ce qui lui a donné son nom. C'est assurément cette oeuvre de la nature qui a fait plus que tout la réputation de la Grotte des Demoiselles. Mais tant d'autres surprises vous attendent comme la reproduction de l'ours des cavernes qui vivait là il y a vingt mille ans. Songez que la grotte a servi de refuge aux camisards, aux prêtres réfractaires et à nos ancêtres de la préhistoire.

23/06/2008

LA REGORDANE

REGORDANE.jpgRégordane est le nom d'une ancienne route qui, à travers le Massif Central, relie la Méditerranée aux provinces d'Auvergne.

De la Camargue au Pays Vellave, le chemin de Régordane joint entre eux Garrigues, Cévennes et Gévaudan et tel un chapelet égraine du Puy jusqu'à Saint Gilles ses villes et ses hameaux dont les noms évoquent parfoir les us des voyageurs d'autrefois.

Son origine et son nom, perdus dans la nuit des temps, donnent lieu à de savantes hypothèses. On sait que le nom du chemin est lié à son tronçon cévenol entre Alès et Luc : Régordane évoque la voie des eaux qui s'acheminent de gourgs en gorges vers la plaine. On raconte aussi qu'en période estivale les lits asséchés des cours d'eau servaient eux-même de route.

Au gré de la faille géologique de Villefort, les troupeaux en transhumance ont emprunté depuis des temps immémoriaux cette brèche naturelle ouverte dans les montagnes. Est-ce à l'époque romaine que les premiers travaux ont été entrepris pour en faire une voie carrossable ?  Au 17 ème siècle, une tradition orale l'affirmait. Pourtant aucun vestige archéologique probant ne confirme cette hypothèse.

C'est au 11è et 12è siècles que l'itinere regordane connaît son heure de gloire, alors que les foules de pélerins se transportent jusqu'à Saint Gilles, de lieux saints en Terre Sainte. La fréquentation de ce chemin romieu est telle que seigneurs et évèques édifient en des points stratégiques des octrois défendus par des places fortes. Ils perçoivent alors de lucratives taxes sur les droits de passage en échange de leur protection contre les bandits de grands chemins. L'importance économique de la Régordane justifie alors des aménagements facilitant le passage des charrois. En ces temps de grandes affluences, la vie quotidienne s'organise le long de la route. Afin d'assurer gîte et couvert aux voyageurs, outre les nombreuses auberges, le chemin de Saint Gilles est jalonné de maladreries. Ces hospices, toujours situés en rase campagne ou aux faubourgs des villes, pourvoient au repos du corps et de l'âme des "pauvres passants". Sur les dizaines de maladreries que comptait le Chemin de Régordane, il ne subsiste aujourd'hui que celle de Pradelles. Parfois, le souvenir de quelques autres est transmis aux noms de lieux que nous rencontrons au gré de nos pérégrinations : la Maladrière près de Vézenobres, la Malautière à Génolhac...